Cinéma intérieur



Merci de m’avoir signalé ce livre qui m’a donné à méditer. Je ne suis pas sûr que ces réflexions aient un grand intérêt, mais j’ai eu plaisir à les développer.

1. Pourquoi notre système nerveux se donnet-t-il tant de mal (beaucoup de milliards de neurones) pour nous faire ce cinéma, nous donner « l’illusion » du continu, à partir des signaux discrets qu’il reçoit des neurones sensitifs ?

Je n’ai pas de réponse tout à fait satisfaisante, mais il me semble, sommairement, que c’est indispensable pour que nous puissions « comprendre » le monde et agir sur lui.

Il faut en effet que, du fond, nous puissions extraire des formes, de façon suffisamment compacte les identifier, les nommer, les manipuler, en faire jaillir le sens. Dans le temps comme dans l’espace.

D’ailleurs, le système nerveux ne se contente pas de nous présenter du continu, il le réorganise, y compris dans le temps, le cas typique étant le réflexe de retirer sa main d’un objet brûlant : nous avons l’impression d’avoir senti puis agi, en fait c’est le contraire, heureusement.

2. Et des machines ?

La situation est assez semblable.

Même pour les ordinateurs, le discret a besoin d’une continuité matérielle pour exister, dans le temps comme dans l’espace.

Ensuite, pour qu’un automate ou un robot puisse agir, il lui faut faire des calculs. Et, dans la plupart des cas, y compris dans les réseaux neuronaux réalisés en ordinateur, cela ne peut se faire qu’avec des fonctions continues.
L’intermédiaire, ici, c’est l’ériture des fonctions.

L’exemple typique, c’est la régression, même simple. A partir d’un nuage de points obervés (ensemble discret, données d’un tableau, etc), un algorithme de régression fournit une équation, une droite dans le cas le plus simple. Fonction continue, même si elle se formule avec des chiffres et des lettres, discrets par nature.


https://www.poxox.com/2019/01/what-is-lorenzs-theory-of-beauty.html

Autre exemple maintenant courant : l’extraction de formes à partir d’une image (notamment le positionnement des visages, mais aussi parfois la détection du sourire pour déclencher au meilleur moment).

C’est, en quelque sorte, le « cinéma » que la machine se construit pour pouvoir agir. Le sens, ici, c’est simplement l’action qu’il y a lieu de faire à partir de ces données interprétées. Ce peut être seulement de les mettre en mémoire, ce sera souvent de les traduire en action sur un écran ou à travers des effecteurs.

Dans le dernier cas, le « passage à l’action », pour piloter un haut parleur aussi bien qu’un moteur, il faudra refaire une conversion discret-continu.

Ce qui est magique, là-dedans, c'est le langage.
Cela dit, dans le vivant, le jeu des fonctions continues ne passe pas par le langage.

Il y a des passages discret-continu au niveau des synapses.

Et des jeux de proximité, autour des synapses.

<a href = "https://www.dana.org/article/qa-neurotransmission-the-synapse/">Dana.org</a>

reconnaissance faciale
https://point-banque.fr/2019/10/16/le-gouvernement-cherche-a-limiter-lusage-de-la-reconnaissance-faciale/


La différence d'un système vivant avec un ordi, c'est qu'il peut faire des modifications spatiales. Dans quelle mesure ?

Un cerveau animal peut se reconfigurer après un accident.
Un ordinateur aussi.
Il faut, dans les deux cas, qu'il y ait de la redondance.


https://fr.wikipedia.org/wiki/Th%C3%A9orie_des_formes chez Platon

A forme on oppose le fond, ou la matière contenant/contenu ou bien les pixels

reconnaissance Vs. génération mais aussi combinaison, assemblage

Le plus extraordinaire dans le langage, c’est le mot infini (et ses dérivés)
Remarque que « pur » en tous cas « absolument pur », c’est infini aussi.

En maths, il y a deux équivalents :
- le signe infini
- le « … » : du genre y = x + x/2, + x/3 + …
En informatique on a essentiellement la récursion.
Et c’est avec raison que je me suis éclaté le jour où j’ai écrit (1979)
10 PRINT « BONJOUR »
20 GOTO 10

La musique, pour ça, c’est grandiose.

Très mathématique (Bach en particulier), et très « âme », « ineffable ».