Histoire de l'hippodrome


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HISTOIRE DE L'HIPPODROME DE MAISONS-LAFFITTE

Nous avons trouvé ce remarquable texte, mais n'en connaissons ni l'auteur ni la source, et encore moins le site sur lequel on pourrait mettre un lien.
Merci de m'apporter ces précisions si vous en disposez. Si l'auteur ne souhaite pas qu'il reste en ligne ici, nous le retirerons


La première rencontre entre les chevaux de courses et Maisons-sur-Seine - la cité ne prendra
le nom de Maisons-Laffitte qu'en 1882 - remonte à 1779. Le jeune Comte d'Artois (frère du
roi Louis XVI), propriétaire du château depuis 1777, fait remettre en état les écuries. Dans
celles-ci est hébergée " l'écurie anglaise " du comte d'Artois dont l'entraînement se fait sur les
prairies en bordure de Seine. Mais point de courses. Celles-ci, sous forme de matchs, ont lieu
alors dans la plaine des Sablons à Neuilly-sur-Seine, dans le parc du château de Vincennes et
près de Fontainebleau quand la cour y séjourne à l'automne.

En 1818, le domaine de Maisons est acquis par le banquier Jacques Laffitte qui rêve de faire
de Maisons "la cité des courses". En fait, de son vivant, ne s'y dérouleront que trois réunions.
La première a lieu le 20 juillet 1828, en bordure de Seine. Elle est relatée par Thomas Bryon
dans son "Calendrier des Courses". Trois épreuves. "La poule" est gagnée par un hongre de
Charles Laffitte (neveu de Jacques) et les deux paris par le prince de la Moskowa.

Le 3 août 1834, se déroule la deuxième réunion avec "deux courses particulières". La
première est ouverte aux chevaux de chasse; le prix est un vase en argent, "donné par les
fondateurs de la colonie de Maisons". La seconde course est réservée aux pur sang. Le
gagnant pourra choisir à son gré 450 toises de terrain dans le parc. L'heureux vainqueur est le
prince de la Moskowa, gendre du donateur. Mais ce dernier, devant des difficultés financières,
fait la même année raser les superbes écuries du château.

Troisième réunion le 12 juillet 1835, avec trois prix. Le premier est réservé aux chevaux
français de tout âge. Le deuxième offre la particularité que "le gagnant peut être demandé
pour 4 000 F après la course". En fait il s'agit de la première course "à réclamer" disputée en
France. Le troisième, pour gentlemen-riders, est sur un mille en partie liée avec trois sauts.
C'est l'attraction du jour, car les trois sauts sont trois obstacles.

Pour retrouver trace de courses à Maisons, il faut attendre le 9 novembre 1862 quand des
gentlemen-riders s'affrontent sur des parcours d'obstacles improvisés en bordure de Seine.
Succèdent quatre autres réunions : le 5 juillet 1863, avec trois steeples ; le 19 novembre 1863,
avec un steeple et une poule ; le 20 octobre 1864, avec trois steeples ; et le 5 novembre 1865,
avec deux steeples et deux courses plates. S'achève alors cette timide expérience.

Mais treize ans plus tard, le 7 juin 1878, c'est sur cette prairie, la ferme voisine et les terres
labourables contiguës (soixante-dix-huit hectares sous-loués par lui fin 1877) que Joseph
Oller
, inventeur du pari mutuel, présente l'esquisse d'un hippodrome. Si des journaux comme
Le Jockey et Le Temps sont indulgents, Le Figaro s'inquiète : "Nous sommes arrivés à la
station de Maisons, vers deux heures et demie ; la plupart d'entre nous ont fait la route à
pied, par l'avenue Eglé et l'avenue Lesage. Le long de cette dernière coule assez ombragée
d'ailleurs une foule de bonneteurs (joueurs aux trois cartes) qui opéraient loin des regards de
la gendarmerie. Etait-ce un avertissement ? Sur l'hippodrome l'assistance était à peu près
celle qui se donne rendez-vous au Vésinet. Le pesage est dans une ferme, ce qui ne manque
pas de pittoresque, les bookmakers sont rangés dans la basse-cour, les paris remplacent les
poules. La salle du pesage est dans la vacherie, le salon des dames dans l'étable, vous voyez
cela d'ici. Ce que les bookmakers ont bu de lait dans cette ferme est inénarrable !"


Effectivement, les quatre courses voient la défaite des favoris. Le Prix d'Inauguration revient
à une certaine Marie Rose à 15/1 qui devance Girouette au comte de Lagrange. Quant à la
course de haies, avec obstacles mobiles sur la grande piste, sa lauréate Bonita rapporte 12/1.
Mais les critiques sont entendues et, si le 19 juin le nouveau champ de courses est qualifié de
"marais" par suite de pluies incessantes, après les réunions des 17 juillet et 21 août, la piste est
reconnue "considérablement améliorée" et les tribunes s'avèrent "embellies".

C'est un hippodrome décent, à défaut d'être achevé, que Joseph Oller peut donc mettre le 7
septembre à la disposition d'une société alors embarrassée de richesses. Cette société ? La
Société d'Encouragement pour l'amélioration du cheval français de demi-sang qui s'est vu
octroyer habilement un " crédit extraordinaire de 60 000 F, pour l'établissement de courses
internationales au trot pendant l'Exposition universelle de 1878. " Ces 60 000 F ont fait l'objet
du vote, le 3 juin, par la Chambre des députés d'une loi spéciale avec l'appui du gouvernement
qui " a cru devoir témoigner sa sympathie pour certains éleveurs de nos départements. " Le
champ de courses de Caen (alors siège de la Société du demi-sang) n'est-il pas trop éloigné de
l'esplanade des Invalides où se tient le concours international des espèces chevaline et asine ?
Alors, à proximité de Paris, le nouvel hippodrome de Joseph Oller se prête parfaitement pour
organiser six courses et accueillir un public nombreux. Venu pour la circonstance - cheval
oblige - non pas en train mais en poste (en relayant à Bezons), le maréchal président de la
République (Mac-Mahon) gagne une tribune d'honneur, édifiée à la hâte, en brillante
compagnie où figurent le roi Ferdinand de Portugal, le grand-duc Constantin, le prince de
Nassau, Léon Gambetta, parlementaires et éleveurs normands reconnaissants, ainsi que Léon
Say, ministre des Finances. Les 60 000 F soutirés à ce dernier sont répartis, moitié sur quatre
courses, moitié sur deux épreuves de prestige. Ce jour, l'élevage trotteur français ne brille pas
face aux étrangers. Le Grand Prix de l'Exposition (monté, 15 000 F, 6 000 mètres, dix-sept
partants) revient à l'anglais Star Gazer devant la française Anicroche. Et dans le Grand Prix du
Gouvernement (attelé à deux ou quatre roues, 15 000 F, 6 000 mètres, quinze partants), le
russe Zouberny devance l'anglais Child Harold.

Cette parenthèse trotteuse fermée, le galop reprend aussitôt ses droits à Maisons où plat et
obstacle vont se partager des programmes mixtes de plus en plus nombreux. Mais Joseph
Oller, qui a acheté en 1879 la maison de campagne attenante au champ de courses, va devoir
bientôt abandonner l'exploitation de celui-ci, expulsé par le locataire et le propriétaire,
heureux de récupérer une affaire prospère. Ainsi le 11 décembre 1881, a lieu la dernière des
soixante-seize réunions données en quatre ans par le dynamique entrepreneur. Mais celui-ci
n'abandonne pas la partie car, dès le 29 janvier 1882, il inaugure un nouvel hippodrome dans
le voisinage, celui de Saint-Germain-Achères.

Depuis 1881, Maisons améliore ses moyens d'entraînement. Ainsi est ouverte, le long du mur
du parc, une piste longue de 1 800 mètres, appelée piste Jacques Laffitte, qui se présente
aujourd'hui, à la suite d'élargissements successifs, sous la forme de deux pistes sablées
parallèles de 10 mètres de large chacune.

Le 27 juin 1883, le champ de courses de Maisons est loué par sa propriétaire, la Société civile
des immeubles de Maisons-Laffitte, à la Société des Champs de Courses Réunis, présidée
par Eugène Adam, qui exploite déjà les hippodromes dits "suburbains" de La Marche, du
Vésinet, de Saint-Ouen et d'Enghien. Cette société, plus soucieuse d'opérations lucratives que
d'amélioration de la race chevaline, organise à Maisons des "flat races" mais pas pour
longtemps car le 12 février 1884 les chevaux courant sur les suburbains encourent la
disqualification, la Société d'Encouragement, société-mère, refusant de publier au Bulletin
Officiel des Courses leurs programmes qui ne lui donnent pas satisfaction.

C'est pourquoi le 2 avril 1886, sur le champ de courses - amélioré et doté d'une nouvelle piste
droite de 1 500 mètres qui sera portée un peu plus tard à 2 000 mètres - une première réunion
de courses au galop (plat) est donnée par une nouvelle société qui reprend le bail de la Société
des Champs de Courses Réunis en état de liquidation. Cette société, qui a pour nom Société
Sportive d'Encouragement
, se constituera en société anonyme le 25 mai de l'année suivante.
Son président est encore Eugène Adam (voir ci-dessus), cette fois entouré d'éléments plus
jeunes animés de sentiments plus sportifs que spéculatifs. A noter que l'hippodrome de
Maisons abritera encore trois réunions de trot annuellement (une au printemps, une en été et
une à l'automne) de 1892 à 1897.
La loi du 2 juin 1891 réglementant le Pari Mutuel, qui adopte le système inventé par Joseph
Oller, va permettre aux sociétés de courses d'accroître considérablement leurs recettes et
d'augmenter le nombre des courses et leurs allocations. Maisons-Laffitte en bénéficie
largement, des entraîneurs s'y installant et faisant construire des écuries. Ainsi "la Sportive" -
nom attribué familièrement à la Société Sportive d'Encouragement - se préoccupe de se fixer à
Maisons. Elle y parvient en achetant le 14 décembre 1892 la propriété de Joseph Oller et le
13 décembre 1895 la ferme de Maisons et tous les terrains qui l'entourent. Elle devient ainsi
propriétaire de l'hippodrome et de ses annexes.

Autre atout, en 1898, la desserte de l'hippodrome par une nouvelle gare à ses portes grâce à un
embranchement spécial de la ligne Paris-Mantes par Poissy. La fréquentation du public
augmente alors considérablement. Cette station très pratique disparut quand l'embranchement
ferroviaire fut supprimé par les occupants allemands pendant la Seconde Guerre mondiale et
ne fut jamais rétabli.

L'amélioration du site s'impose donc. Déjà en 1889, il avait été procédé à l'édification d'un
pavillon des balances et à l'élargissement des pistes. En 1899, on réalise l'agrandissement des
pistes et du pesage de l'hippodrome. En 1904, on inaugure de nouvelles tribunes. En 1902,
sont instaurés les départs avec une machine, la starting-gate américaine qui remplace le départ
aux élastiques. Elle avait été expérimentée à Maisons fin 1896.

En 1908, la Société des Steeple-Chases de France prend en main l'organisation de
l'entraînement à Maisons-Laffitte. Jusqu'alors l'entraînement se faisait sur la ligne droite du
parc (piste Jacques Laffitte), sur l'hippodrome certains jours et surtout sur les routes de la
forêt de Saint-Germain (La Muette et Le Chaillou) et le terrain en gazon d'Achères (ancien
hippodrome). Elle décide d'acquérir des terrains dans le parc où commencent à être construits
des établissements d'entraînement, les précédents étant situés principalement au Mesnil-le-Roi
et en ville le long de la route de Poissy.

Le 23 décembre 1910 est établie une convention entre l'Association Syndicale du Parc et la
Société des Steeple-Chases de France qui prend à bail la piste Jacques Laffitte et fait
aménager progressivement différents terrains destinés à l'entraînement. Ce seront le rond
Adam et le rond de l'Epine pour les obstacles ; les ronds Boileau, Poniatowski et SainteHélène, en sable, pour le plat. Peu après, en 1912, le propriétaire américain Frank-Jay Gould
offre à l'Association Syndicale du Parc la statue du cheval Dollar qui se dresse toujours près
du champ de courses, face au n° 5 de l'avenue Picard.

Le 26 juillet 1914, Maisons ferme les portes de son hippodrome, la mobilisation générale
intervenant une semaine plus tard. Ce jour on assiste aux adieux d'un des plus grands chevaux
de l'histoire des courses françaises, le 3 ans Sardanapale qui, rendant quatorze livres à ses
adversaires, remporte de trois longueurs le Prix Eugène Adam. C'est son huitième succès de
l'année. Il venait de gagner coup sur coup le Prix du Jockey Club, le Grand Prix de Paris et le
Prix du Président de la République.

Première Guerre mondiale. En 1917, huit réunions pour des épreuves de sélection (sans
public et sans pari) ont lieu sur l'hippodrome au cours de l'été et de l'automne. Nouveauté, des
épreuves de haies et de steeple-chase sont disputées. En1918 , à l'automne, vingt-deux
réunions d'épreuves de sélection se déroulent sur l'hippodrome. La dernière, le Prix de
Clôture, a lieu le 14 novembre, trois jours après l'Armistice.

Le 5 mai 1919, c'est à Maisons qu'a lieu la reprise des courses plates dans la région
parisienne. Quelques courses d'obstacles, essentiellement de haies et placées en fin de
réunion, seront au programme de l'hippodrome jusqu'au 10 juin 1943. Un parcours très
sélectif de cross-country est tracé, destiné principalement à des courses réservées aux chevaux
de demi-sang et aux militaires. Ce parcours sera amélioré et développé dans les années 1970
par l'absorption de la partie centrale de la pelouse après la fermeture au public de l'enceinte
qui lui était jusqu'alors réservée.

En 1920, la Société Sportive prend en charge l'entretien du terrain d'entraînement en gazon de
Fromainville (36 hectares) qu'elle loue à la Ville de Paris. Le 5 avril 1929, à l'instigation de
Lucien Loiseau, soixante-dix jockeys d'obstacles se réunissent au Café de Paris à Maisons
pour fonder l'Association des Jockeys dont le siège est aujourd'hui 43, avenue de SaintGermain. En 1932, est installé, au 45 avenue de Saint-Germain, un hôpital pour les jockeys
disposant d'un bloc opératoire moderne et d'une quarantaine de lits.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, de 1941 à 1945, l'hippodrome de Maisons héberge
plusieurs grandes épreuves du programme de la Société d'Encouragement, comme les Poules
d'Essai en 1944 et 1945, le Prix Lupin en 1944, le Grand Prix de Deauville en 1943, le Prix
Morny en 1943 et 1945 et le Prix Jacques Le Marois en 1941, 1942, 1943 et 1945. Le 27 mai
1944, a lieu le bombardement par l'aviation anglaise du pont de chemin de fer reliant
Sartrouville à Maisons-Laffitte. Une réunion de courses se déroule ce jour là. Dans un train
touché des turfistes sont tués, des établissements d'entraînement sont atteints. On relève, mort
sous les décombres de son écurie, un entraîneur renommé, Roch Filippi.

En 1952 sont recensés 2 100 chevaux de courses dans le centre d'entraînement de Maisons,
soit les deux tiers de la population de pur sang dans la région parisienne, le reste étant
stationné à Chantilly et ses environs. En 1954, est réalisé le jumelage de la ville de MaisonsLaffitte avec celle de Newmarket. Le 8 septembre 1956, se déroulent sur l'hippodrome des
ventes de yearlings organisées par le " Comité des Eleveurs ". Elles s'y tiendront encore en
1957 et 1958. Elles seront transférées à Saint-Cloud en 1959 et 1960. En 1964, un événement
: les effectifs de pur sang du centre de Chantilly dépassent maintenant ceux du centre de
Maisons-Laffitte.
1970. Création par la Société des Steeple-Chases de nouvelles pistes d'entraînement en ligne
droite, derrière le mur en forêt : les deux pistes Lamballe, parallèles, en sable d'une longueur
de 1 900 mètres ; les trois pistes Penthièvre, parallèles, en gazon de 1 750 mètres de long,
l'une plate, la deuxième avec sept haies du type Auteuil, la troisième avec sept obstacles de
steeple-chase.

En 1972, s'achève la reconstruction, entreprise deux ans plus tôt, des tribunes et des écuries de
l'hippodrome de Maisons. Celui-ci devient l'un des plus modernes d'Europe et peut se
prévaloir d'être le seul avec Newmarket possédant une ligne droite de 2 000 mètres. En 1980,
il n'y a plus que 1 150 chevaux de courses recensés dans le centre d'entraînement de Maisons.
En 1985, l'hippodrome de Maisons accueille 35 réunions de courses dans l'année. Le 4 janvier
1988, est ouvert à Maisons, 10 avenue Desaix, un nouveau centre de l'AFASEC (Association
de formation et d'action sociale des écuries de courses). Le 31 mai 1990, est inauguré le
Musée du Cheval de Courses qui occupe le niveau des douves dans le château de Maisons.

Le 19 janvier 1994, une " bombe " éclate. Les douze membres du G.I.E. G.A.L.O.P. (à
l'époque, société mère du plat) décident à l'unanimité la fermeture en 1995 de l'hippodrome de
Maisons-Laffitte. C'est la conséquence d'une disposition, prévoyant la fermeture d'un
hippodrome de la région parisienne, inscrite au protocole d'accord signé le 10 décembre 1992
entre l'Etat et l'institution des courses. Mais surgit la résistance. Le 17 juillet 1994, sur
l'hippodrome une importante manifestation se déroule, avant la course du tiercé, rassemblant
des professionnels, de Maisons et de Chantilly, ainsi que des habitants, qui affirment leur
volonté de voir maintenir l'activité du champ de courses plus que centenaire. Finalement,
grâce à la vigoureuse détermination de son maire, Maisons-Laffitte ne sera pas privé de
courses. C'est l'hippodrome d'Evry qui sera fermé fin 1996. Et l'espoir renaît quand on recense
827 chevaux à l'entraînement le 1er juin 2002, contre 659 au plus creux de la vague, en 1997.

Le 26 juin 2002, est conclu un accord associant la région Ile-de-France, le département des
Yvelines, la ville de Maisons-Laffitte et France Galop au développement du site hippique
mansonnien. Cet accord va permettre au site de bénéficier d'un programme de travaux d'un
montant total estimé à 7,62 millions d'euros sur quatre ans. En contrepartie du soutien des
collectivités locales, France Galop s'engage notamment à " maintenir et développer l'activité
du site sur une durée minimum de quinze ans " et à organiser " des événements-phares sur
deux week-ends, ainsi qu'une grande semaine des courses autour du 14 Juillet. "