Le cahier des doléances de Maisons-sur-Seine



Le cahier tel qu'il figure dans le dossier 1_L_1 des archives municipales


Retour au 18eme siècle . Retour à l'accueil mansonnien . Dernière révision le 13/6/2022

Pour faciliter la lecture, nous avons rectifié certaines anomalies d'orthographe et de ponctation, et ajouté les intertitres.

Deux points frappants :
- C'est un petit village, essentiellement de vignerons.
- Il a un point commun avec nous : l'opposition entre fermeture (eux contre le gibier, nous contre "la racaille") et ouverture (eux : construire un pont, nous, renforcer notre attractivité).

Cahier des plaintes et doléances que les habitants de la paroisse de Maisons Sur Sine désirent être portées par leurs représentants dans l'assemblée générale de la nation.


Les états généraux seront suppliés

Le vin avant tout

1° D'asseoir un impôt unique sur tous les vins de France, en observant néanmoins l'énorme différence qui peut se rencontrer dans la qualité de ces vins, différence qui doit nécessairement en entraîner une autre dans la répartition de l'impôt, lequel, une fois prélevé, il sera libre à tout propriétaire de vignes de disposer de son vin selon qu'il le jugera à propos, sans qu'il puisse être inquiété par les recherches vexatoires en tout genre du commis préposé par la ferme pour la perception d'une foule de droits aussi absurdes qu'injustes.

Les dégâts du gibier

2° Monseigneur Comte d'Artois, dont la bienfaisance s'est toujours signalée envers ses vassaux de Maisons et notamment dans le cours de la malheureuse année qui vient de s'écouler, sera prié justement de ne pas permettre que le gibier se multiplie dans une terre déjà beaucoup trop ingrate et resserrée, au point qu'il puisse dévorer le peu de production que le sol comporte.

Un pont pour exporter la production

3° Les états généraux seront suppliés d'ouvrir une communication libre et facile aux bateaux de Maisons avec les villes qui les avoisinent pour l'exploitation de leur terre et le débouché de leurs denrées. Leur pays étant resserré d'un côté (savoir, de Paris) dont les glaces, la crue des eaux et les vents leur. coupent souvent le passage, faute de ponts construits sur leur rivière et celle de Bezons, sans parler d'une perte considérable de temps et d'un dommage notable causé à leur fruits et à leurs légumes à l'occasion du passage lent et difficile des bacs, resserré de l'autre côté (savoir de St Germain et Poissy) par les murs de la forêt au travers de la quelle ils ne peuvent passer pour se rendre à l'une ou à l'autre de es villes que par une seule route souvent impraticable, de sorte que s'ils s'en écartent, ils sont aussitôt saisis et condamnés à l'amende. En conséquence, il sera pourvu à la construction d'un pont pour l'exportation des denrées et l'importation des engrais tirés de Paris, et à la confection ou réparation des routes qui conduisent de Maisons à St Germain et Poissy.

Pour les impôts, tenir compte du terrain ingrat

4° Si l'imposition territoriale, la plus juste de toutes doit avoir lieu, les états généraux seront suppliés d'avoir égard à l'énormité des frais de culture dans un terrain sablonneux dont la moindre ardeur du soleil brûle et détruit la récolte consistant en pois, haricots, lentilles, sarrasin et un peu de seigle et d'avoine, terrait qui d'ailleurs ne peut être rendu productif qu'à force d'engrais et de bras qui y sont employés la plus grande partie de l'année, quoi qu'il fournisse à peine la subsistance pour trois mois à ses malheureux cultivateurs.

Reconstruire l'église

5° Attendu l'indispensable nécessité de reconstruire l'église paroissiale tombant de vétusté, beaucoup trop petite pour le nombre des habitants, insalubre par sa position au dessous du niveau des terres ; nécessité reconnue par plusieurs experts envoyés tant de l'intendance que par les membres de l'assemblée du département de St Germain en Laye. Les états généraux seront suppliés d'obtenir sur les économats ou par d'autres voies que leur sagesse dictera, la somme convenable pour cette reconstruction.

Le presbytère et le revenu des prêtres

6° Attendu aussi l'indispensable nécessité de reconstruire le presbytère qui tombe en ruines, quoiqu'il soit étayé en plusieurs endroits, nécessité également reconnue par les experts cités dans l'article précédent ; vu d'ailleurs l'impossibilité absolue d'exiger pour des dépenses la moindre somme de la part des habitants que la grêle du treize juillet dernier a ruinés pour plusieurs années par le dommage causé aux vignes, leur principale propriété, habitants dont la plupart d'ailleurs sont réduits à un nécessaire si strict qu'on est forcé d'en assister au moins la moitié dans les années ordinaires, et pus que les trois quarts dans les temps rigoureux.
En conséquence, les états généraux seront suppliés de réunir à la Cure un prieuré simple situé dans la paroisse qui offre sans aucun inconvénient le double avantage,
1° d'une maison nouvellement bâtie qui ses... et qui est très propre à servir de presbytère 2° l'avantage non moins réel de procurer par un revenu d'environ trois mille livres qui y est annexé, l'honnête subsistance aux curé et vicaire de la paroisse borné à la simple portion congrue de sept cent livres pour le premier et de trois cent cinquante livres pour le dernier, et qui leur donnera en même temps les moyens de soulager les malheureux au milieu desquels ils passent leur vie, tandis que titulaire de ce bénéfice qui en réunit plusieurs autres consomme ailleurs les fruits qu'ils perçoivent dans la paroisse.

Contrôler le commerce des grains

7° Les états généraux seront suppliés d'interdire à jamais la liberté du commerce des grains, à moins qu'il ne soit pris des mesures si sages qu'on n'ait à craindre dans un aucun temps le prix exorbitant auquel s'élève maintenant cette denrée.

Abolir la gabelle, normaliser poids et mesures

8° Les états généraux seront aussi suppliés d'abolir la milice la plus alarmante de toute les impositions ; de fixer un prix égal et modéré aux gabelles ; d'établir la liberté de faucher les prairies artificielle en saison convenable ; d'interdire la mendicité à toute personne que ne demeure pas habituellement dans la paroisse, de supprimer tout émloument perçu pour ... fondation de l'église et d'assigner un revenu convenable au ecclésiastiques qui desservent les paroisses ; d'établir qu'il y aura pour toute la France mêmes poids, mêmes mesures.

Bertin, maire , et les autres représentants de la commune.