Le réseau général d'informatique


Pierre Berger. Vers 1963

On trouvera in fine quelques remarques ultérieures (1966, 2021)


Il est probable que le coût très élevé en temps comme en main d'œuvre de l'alimentation en information des ordinateurs comme de l'exploitation
des résultats obtenus conduira à une organisation fonctionnelle des circuits de transmission. Le moyen essentiel, l'interconnexion des machines.
D'abord limitée en raison de la faible "densité" des calculateurs (de leur nombre par rapport à celui des individus ou des entreprises),
elle se développera rapidement quand le prix de revient aura suffisamment baissé. Les frais d'exploitation diminueront d'autant, une réaction en chaîne (note: point critique, niveau critique) la mise en place d'un réseau général d'information entièrement connecté. Toutes les machines, tous les robots construits à partir de ce moment seront rattachés à ce réseau. La miniaturisation, les faibles prix de revient leur donnant des applications extrêmement variées, la densité croîtra, atteindra une de ses limites quand tous les circuits d'information lui auront été reliés.
Au cours de ce mouvement, se sera posé un problème de base: la structure du réseau. Le coût des mémoires et des câbles métalliques ou hertziens de transmission à longue distance, l'encombrement des bandes de fréquence conduira, la recherche opérationnelle aidant, à la constitution d'un filet organique, qui rappellera sans doute le système nerveux.

Note en 2021: la formule "voir juger agir" était classique dans l'Action catholique de l'époque


A l'image de celui-ci, les informations partiront des divers capteurs ou organes d'introduction, seront regroupées à divers niveaux (note postérieure: si le réseau est centralisé, ce qui est peut-être un anthropomorphisme, mais il pourrait y avoir "des" centres) et, finalement, centralisées dans ce qui sera le "cerveau" de notre univers.
Mais ici apparaît la limite de l'analogie. Dans le corps humain, il y a un seul cerveau parce qu'il y a une seule personne, et tout le reste peut lui être soumis. L'univers est composé de milliards de personnes, qui ne doivent pas, même si cela est tentant, être réduites à des cellules ne vivant qu'en fonction de l'ensemble.
Chacune de ces personnes a droit à être informée. Non pas de tout, certes - notre cerveau lui-même est fini - mais de tout ce qui peut avoir un intérêt pour elle, dans certaines limites.
Il faudra donc prévoir à divers niveaux des "sorties" adéquates.
La logique semble pousser à les placer aux niveaux même des relais d'entrée, ces relais correspondant aux divers centres actuels de centralisation de l'information: à la base l'individu, son domicile, l'entreprise, les organes administratifs ou techniques régionaux, nationaux, internationaux.
Ces divers centres comprendront donc, outre leur liaison organique avec les relais inférieurs et supérieurs, des organes d'accès dont les modalités d'emploi seront à fixer suivant des normes relevant de la technique comme de la morale.
(Phrase rayée sur le manuscrit: Ces voies d'accès, bien entendu, ne serviront pas seulement à l'entrée et à la sortie, à la circulation des données, mais aussi à la programmation du réseau, en effet, chaque relais comprendra en outre ses mémoires).
Le réseau ne pourra pas être un simple enregistreur passif d'informations, un simple ensemble de mémoires connectées.
D'abord, cela serait très coûteux, puisqu'il faudrait envoyer toutes les informations à la mémoire centrale et les y rechercher ensuite. Gaspillage. Il faut donc, à chaque niveau, effectuer un certain filtrage, permettant de ne communiquer aux échelons supérieurs que l'essentiel, à charge de ceux-ci de demander des compléments si besoin est.
Cette simple question de filtrage est suffisamment complexe en elle-même, si elle porte sur des informations de types variés, pour que les relais, dès un certain niveau, comportent des fonctions logiques puissantes. Il y aura par conséquent intérêt à utiliser ces fonctions logiques au maximum, en exécutant à un niveau donné tous les traitements dont il est capable ou qui l'intéressent seul.
Tout ceci suppose une programmation d'ensemble, et des programmeurs particuliers. Qui doit établir ces programmes ?
Chaque relais étant constitué au niveau des divers groupes humains actuels, c'est aux autorités de chaque groupe de programmer le relais qui lui est attaché, en respectant des impératifs analogues aux diverses lois et réglementations actuellement en vigueur. Il faut en particulier définir quelle information doit être fournie, par qui et pour qui.
On éviterait les dangers d'un totalitarisme de type Big Brother en respectant le principe de subsidiarité dans le cadre d'une organisation souple et universelle.

Le travail


Il est bien évident que les robots "actifs" sont tous reliés au réseau général. Chacun d'eux constitue un niveau de relais essentiel, chaque entreprise ensuite. Parallèlement, mais bien entendu avec son autonomie propre, l'homme ne peut travailler sans être en relation avec lui.
Au réseau d'information vient donc se joindre un réseau de "commande" donnant des ordres au sens strict aux robots, des directives plus ou moins strictes aux hommes au travail (Ces directives émanant non pas nécessairement de la machine, mais des supérieurs, utilisant plus ou moins largement le réseau comme moyen de communiquer leurs ordres).
Le contrôle des programmes d'action par l'homme est capital, cela va dans dire, et au fur et à mesure du rattachement des effecteurs les plus puissants au réseau général, il faudra s'entourer de précautions multiples, quelque soit le prix, pour rendre la perte de contrôle pratiquement impossible. (L'impossibilité absolue n'existera jamais, et n'a d'ailleurs jamais existé: depuis le jour où l'homme utilise un marteau, il lui arrive de se taper sur les doigts, et ce n'est pas pour cela que l'on n'utilise plus de marteaux. Quant à l'automobile...).
L'état de la technique rend jusqu'ici impossible la construction d'un automate ressemblant réellement à un homme. La complexité des seuls mécanismes de la station verticale et de la marche nous condamnent à ces lourds simulacres que la fantaisie fait apparaître de temps à autre.

Et pourtant l'ordinateur ne peut conquérir son autonomie qu'en se débarrassant de son impotence. Qu'il ait belle allure est secondaire. Mais il faut qu'il puisse aller voir le monde. (note 10/92: ce point de l'autonomie physique perd de son importance avec l'hypermonde Voir ...).

(passage manquant)
...pour une certaine recherche ou qu'elle "s'intéresse" à telle branche scientifique.

Cette notion d'intérêt apparaît superficielle, et surtout déplacée quand on parle de machines. Cependant, il est possible de la simuler. Les intérêt réels de la machine existant déjà actuellement sont sa propre conservation et son efficacité. Ce sont jusqu'à présent essentiellement les opérateurs (note 1992:
le personnel d'exploitation des salles machine) qui se chargent tant de la conservation de la machine que de son efficacité.
Il pourrait en être autrement dans l'avenir. L'ordinateur peut être doté de moyens efficaces de contrôle de son état de santé (thermomètres décelant des échauffements, voltmètres pour les surtensions, etc.). Sa seule réaction possible est en général l'arrêt. Des appareils plus élaborés fournissent aux opérateurs quelques précisions sur l'origine de la panne.
On dispose de plusieurs circuits parallèles votant à la majorité. On ira sans doute beaucoup plus loin. Les machines puissantes que nous apportera l'avenir pourront mettre hors circuit des fonctions défaillantes et faire exécuter leur travail par d'autres, modifiant leur programme en conséquence. Bref, l'instinct de conservation sera développé simultanément aux réflexes de protection.
Quant à l'efficacité, les machines pourront par exemple comparer divers programmes pour choisir le plus rapide, ou répartir judicieusement leur temps et leurs fonctions entre plusieurs travaux demandés en même temps. Si les travaux demandés en à exécuter en temprs réel et dépendent de nombreux capteurs, il y aura lieu de décider si telle information doit être traitée immédiatement ou mise en attente.(Note en 2021 : ce sera le rôle des "systèmes d'exploitation", qui vont appraraître, avec Multics au MIT).
(Note rayée: on voit évidemment que cette liberté reste passablement restreinte).
On peut facilement concevoir des appareils dotés d'un degré d'autonomie supérieur, et l'on en constuira sans doute dans l'avenir bien que, évidemment, l'homme cherche plutôt à s'assurer de bons et fidèles serviteurs que des engins dont le contrôle lui échapperait.
Il paraît donc assez clair que les ordinateurs que l'on construira... (passage manquant)

La conquête de l'autonomie

1/. L'autonomie logique


Grandir, c'est conquérir son autonomie. Et c'est que ce que l'on refuse très généralement à la machine. "Il ne sort de toi que ce que l'on y a mis", voilà ce qu'on ne cesse de lui répéter. (note 2021 : et l'on ajoutait "Gigo" (garbage in, garbage out)).
Pourtant, par le seul fait qu'elle fait subir à l'information un certain traitement, son produit est quand même différent de sa matière première.
De plus, la machine se trompe, et les résultats diffèrent de ce qu'on attend. Manière primaire de dire non, mais manifestation d'indépendance tout de même.
Allons plus loin: comment pourrais-je faire quelque chose de nouveau, dit l'ordinateur, si mon rôle se réduit à traiter des poblèmes tout mâchés, et avec des moyens d'information entièrement définis ? Si je pouvais un peu me renseigner sur moi-même! Et c'est bien ce que l'on peut faire en le dotant de capteurs relativement indépendants de l'opérateur. Le cas se produit pour les calculateurs industriels, mais la programmation est ici trop rigoureuse pour laisser quelque possibilité d'innovation.
(deux paragraphes suivants ont été rayées sur le manuscrit)
Les efforts entrepris pour simuler la reconnaissance des formes, la formation des concepts, l'analyse factorielle, ouvrent des horizons plus larges.

Imaginons un ordinateur disposant d'une caméra de télévison braquée sur un sergment de route, enregistrant et étudiant ce qu'il voit pour étudier le trafic. Il va tout d'abord déceler une constante: la route, immobile, qu'il peut stocker à part, pour référence éventuelle. Il reste des taches mouvantes. Après avoir regroupé les diverses vues de chaque voiture pendant son pasage, la machine va les classer jusqu'à obtenir un inventaire des types de voiture (type, marque). Il peut aussi definir le sens de circulation, la vitese. Dès lors, il a réalisa la première fonction de l'intelligence: la formation de concepts.

L'analyse factorielle lui permet ensuite de déterminer des relations entre ces notions: heures de pointe, longues heures d'attente pendant la nuit, rythme plus fort à l'aller le matin, au retour le soir. C'est la deuxième fonction, la recherche de lois.
Il s'agit d'un problème simple, mais qu'il serait déjà difficile à programmer actuellement. Très jeunes, nos enfants savent dire;: c'est une 404, une ID, un camion. Cela représente une bonne masse d'information (depuis "Papa, c'est quoi celle là?)". L'ordinateur aura bien du mal avant de pouvoir en dire autant.
Il s'agit d'un problème simple et qui ne peut nous emmener bien loin. Si la machine analyse ce qu'elle voit au hasard, il n'en sortira rien. Il faudra qu'elle ait été programmée. Et donc on pouvait parfaitement prévoir ce qu'elle trouverait. Pourtant, ce travail simple ouvre des perspectives. Faute d'avoir en mémoire un catalogue des marques de voiture, notre observateur les classera selon des codes, des numéros, qu'il ne pourra que choisir lui même. Il faudra ensuite, si l'on veut s'en servir, traduire ce code. Autrement dit, la machine devra expliquer le résultat de ces recherches. Il est difficile de prétendre que l'opérateur l'y avait mis. Il y a une différence énorme entre prédire le réusltat d'un travail et dire que l'on a fait le travail soi-même. (en marge: à vrai dire, on n'a pas posé de problème précis, mais seulemnet demandé l'analyse. Problème posable: amélioration de la circulation, implique un certain nombre de solutions, deux méthodes fondamentales: appliquer un cas de schéma, trouver élément à changer, études analogies).
On ira beaucoup plus loin quand l'ordinateur disposera d'une certaine "structure mentale", c'est à dire d'une méthode de travail représentée par des programmes très généraux, appuuyée sur une "expérience" constituée par une masse d'informations importante, comportant un cadre général (une certaine conception du monde) et un ensemble vaste de connaissances structurées conformément à la méthode de travail.
Un ordinateur sera par exemple utilisé habituellement à l'étude de trafics routiers. Ayant fait ce travail à de nombreuses reprises, dans des cadres différents, il connaîtra les principales marques, leurs vitesses habituelles, les types de route. Il sera donc plus compétent qu'un autre pous les études de circulation. Il aura une certaine personnalité. Ayant travaillé longtemps pour l'homme, il aura l'habitude de ses desiderata et y satisfera plus vite et mieux. On pourra dire aussi qu'il "s'intéresse" à tel type de recherche.
Parler d'intérêt à propos de machines peut paraître déplacé. C'est leur donner, à la limite, une âme.
Sans parler prématurément d'indépendance, a fortiori de liberté créatrice, on peut dire que, de plus en plus, il sort de l'ordinteur bien autre chose que ce que l'on y met. Le dynamisme même du progrès technique en ce domaine dote la machine d'une autonomie logique de plus en plus large.

2.L'autonomie matérielle


Je suis libre quand je vais où je veux, quand je fais ce que je veux. Socrate en prison boit la cigüe librement, sans doute, et notre liberté transcende notre condition physique. Pourtant, les voyages forment la jeunesse. Les compagnons d'autrefois faisaient leur tour de France. L'homme moyen dépérit en prison et en profite rarement pour méditer.
... Imaginons maintenant ce que peut être un robot jouissant à la fois des facultés logiques puissantes d'un ordinateur, y compris les développements que nous avons envisagés (éventuellement relié par radio à un centre plus puissant encore) de notre mobilité et de nos moyens de contact passif ou actif avec le monde extérieur. On n'ira pas prétendre qu'il puisse s'agir d'un outil bête et inoffensif. Et nous le verrons d'ici vingt ans.
L'importance considérable prise par le robot exigera une organisation adéquate qui nous permette de l'utiliser et de le contrôler.

Faire. Les robots

Ecartons nous maintenant des calculateurs actuels, en temps réel ou en temps différé, pour en revenir à ces vieux robots, actuellement réservés à la littérature de vulgarisation et qui, pourtant, représentent le véritable avenir.
Un robot, c'est un appareil autonome, mobile, s'occupant à des tâches non pas arbitraires sans doute, mais définies à un niveau suffisammnet élevé pour que son autonomie soit réelle.

Seront des robots, par exemple, une automobile, un bateau, un bulldozer, une grue, un tour ou une presse hydraulique, une chaîne de laminage. Ce robot est sensiblement différent des machines actuelles, même automatiques. Autonome, il n'a pas à transporter de pilote, ou à laisser des accès à un opérateur. les capteurs qui permettront à une automobile de se guider, à une presse de s'alimenter, sont en effet moins encombrants que l'opérateur humain, qui doit pour diriger la machine, pouvoir tout considérer d'un coup d'oeil et avoir toutes les commandes sous la main.
En un un mot, il n'a plus de tableau de bord. Les capteurs variés nécessaires, dont il a besoin, peuvent être disposés à l'emplacement le plus fonctionnel, leur encombrement réduit, leur résistance aux chocs, aux températures basses ou élevées le permettant. Ils fournisent leurs informations à un cerveau central. Le cerveau, placé en un point bien abrité, établit et tire les conlusions et transmet ses décisions par les mêmes moyens aux divers effecteurs qui définissent sont fonctionnement.
Bien entendu, le robot dépend d'une "autorité", l'homme en dernier ressort, mais éventuellement relayé par des robots "chefs", chargés de tâches d'organisation, de planning, etc.
Par exemple une fois définis par l'homme le "cahier des charges" d'un ouvrage d'art déterminé, des robots ingénieurs pourront se rendre sur place pour élaborer un certain nombre de projets, définir le moins coûteux et procéder à sa réalisation.
Le robot de l'avenir diffère de plus des machines actuelles par la place réduite qu'y prennent les métaux ferreux. Ceux-ci sont remplacés, dans une large mesure, par des matériaux de synthèse, insensibles à la rouille, d'utilisation plus souple, assurant l'isolement des circuits électriques qu'ils peuvent loger dans leur structure même. Ce fait influence sensiblement leur forme. Construits automatiquement, non pas desitnés à être conduits ni regardés par un homme, n'étant pas forcément vendus à un marché psychologiquement influençable, il n'est pas soumis aux critères actuels de l'esthétique industrielle (sauf les robots directement utilisés par l'homme, évidement, par exemple pour les transports ou les robots domestiqus). S'ils obéissent à une certaine esthétique, celle-ci sera l'expression de ses lois "organiques" propres.
Paragraphe rayé:
Et voilà bien le mot lâché. Les machines travaillent complètement en dehors de l'homme, deviennent pour lui beaucoup plus étrangères. Ce n'est plus lui qui les a construites, ni lui qui les répare, elles obéissent à ses impulsions de manière infiniment plus indirecte. Elles suivront donc beaucoup plus leurs impératfs propres que ceux de l'homme au cours de leur existence pratique.

L'oeil et la main


Pour que la machine puisse avoir un contact réellement souple et efficace, permettant réellement l'adaptation nécessaire à un monde varié, où l'autonomie même de la machine la prive de cette alimentation standard qui est celle de nos chaînes, il faut la munir de notre outil de base, la main, couplée avec l'oeil.
La main, cet instrument le plus éloigné des appareils automatiques actuels (les recherches faites sur la manipulation intermédiaire, domaine nucléaire surtout, sont importantes mais peut être encore fondamentalement limitées).

Certes la main est un organe très imparfait: elle permet mal des mesures précises, de longueur, de température (expérience classique des trois pots d'eau), elle ne sait pas se positionner avec une précision énorme. Bref, elle est très infidèle
Cependant, elle a une qualité essentielle, et ceci sous un volume relativement réduit. Si elle n'est pas un capteur ni un effecteur fidèle, ele est très sensible, surtout elle est extrêmement adaptable, non pas à elle seule, mais couplée à l'oeil par l'intermédiaire du cerveau.
C'est elle qui nous permet de manipuler des pièces de taille variée et de les travailler de façon très variée aussi par l'intérmédiarie de l'outil. elle est un serviteur du cerveau.
Etant à la fois effecteur et capteur, elle permet une sensibilité immédiate aux réaction de l'objet travaillé, couplée aux vues plus larges et à certains points de vue plus précis que l'oeil.
Peu importe que l'homme n'ait pas à sa disposition de pattes puissantes, l'essentiel est qu'il ait ces effecteurs merveileux, qui encore une fois n'ont de sens que couplés qu cerveau.
Un des problèmes capitaux de l'automation future est de savoir si l'on pourra réaliser un instrument de travail aussi souple que la main. Les capteurs les plus précis comme les effecteurs les plus puissants ne changeront pas les fondements du problème, seul un appareil complet comme la main le pourra.
Il semble que les recherches faites sur l'imitation de la main, suivant un principe connu de l'automation qui veut que l'on ne cherche pas à reproduire les méthodes de l'homme, mais que l'on traite le problème en lui-même, en fonction des moyens réels dont l'on dispose, égare ici sur un point: on a conservé l'oeil humain d'une part, mais la main n'est pas munie de capteurs. Donc: asservissement difficile, pour précision, nécessité de lourdeurs;

On obtient une mobilité locale précise, aux dépens de toute autre mobilité. La légèreté de la main lui permet d'être portée par le bras, puis par le corps, donc de tourner autour de son travail, ou de le transporter, de disposer son travail et ses aides.
Les recherches sur les grosses molécules et les plastiqus de synthèse doivent permettre de trouver les supports légers et souples dont le robot a beoin. La fabrication de micro-capteurs permettra de donner à cette main la sensibilité nécesaire. Que peut-on touver comme équivalent moteur... il est possible que de micro-vérins répondent le mieux au problème.
Cette main aura des possibilités réduites si elle n'est au service de structures logiques rapides et puissantes, utilisant des capteurs extérieurs à elle, c'est à dire un équivalent de l'oeil, non pas de la rétine seule, mais aussi des circuits d'analyse et de synthèse qu'il alimente.
(rayé) Si lon peut réaliser un équivalent sérieux de ce couple, et pourquoi pas, alors le robot deviendra réellement universel et autonome.
(rayé) Bien entendu, chqaue robot dépendra d'une autorité. Ce pourra être l'homme lui-même, commandant la machine un peu comme une bête de somme, ce pourra aussi être un robot supérieur, chargé d'une tâche d'organsation. Une fois défini un cahier des charges, les machines organiseront elles-mêmes un travail après avoir défini le plus rentable avec toutes les ressources de la recherche opérationnelle.
Cette structure matérielle influera beaucoup sur la mentalité même du robot. Imaginons ce que serait l'homme, privé de jambes, de mains, d'yeux, bref condamné à faire fonctionner son enchéphale sur des données strictement fonctionnelles !

La réalisation des projets


Initiatives de l'homme

Dans cet univers, quand l'homme entreprend une tâche, il trouve un auxiliaire merveilleusement puissant à son côté. Il est évident que cette tâche aura un caractère normalement créateur, neuf, le travail de série étant réservé aux robots.
D'autre part, les moyens de production (et de destruction éventuellement) ne peuvent être fournis sans discrimination. Le capitalisme et le socialisme ont apporté des solutions à cette question, il faudra sans doute les adapter sinon inventer d'autres doctrines pour l'avenir.
Ceci dit, il faut rechercher le moyen de communication le plus commode entre l'homme et la machine. Comme c'est nous qui faisons les machines, mais que nous ne pouvons sensiblement modifier notre corps (ni les circuits logiques de notre cerveau), c'est évidemment la machine qui devra être construite en fonction de nous-mêmes.
Il n'y a pas de problème de forme matérielle. Ici, quelle que soit la tâche, les travaux de force sont normalement le fait de la machine, quitte à nous de prendre les choses en mains (au sens propre) si nous voulons "sentir" ce que nous faisons.

Le poste de travail

Ce qui compte, c'est l'échange d'informations avec la machine. Au cours d'un travail quelconque, à moins de demander à la machine une aide réduite, l'échange d'information est considérable.
Quand nous enfonçons un clou avec un marteau, cet échange est déjà très important. Non seulement nous dirigeons le marteau, mais nous le sentons dans la main. Par réflexe, bien sûr, et cette réaction est essentielle. Bien que se résumant à des sensations simples, la quantité d'information est en fait très importante : notre échange des indications de déplacement, de pression, de température, constamment renouvelées au cours du déplacement.
Contraitment à ce que l'on pourrait penser, l'échange est beaucoup plus faible avec une machine complexe comme un tour, où les informations sont beaucoup moins variées. Il est beaucoup plus diffile d'automatiser le balayeur que le fraiseur, bien que les compétences techniques du second soient supérieures.
Mais, dans l'exécution de tâches créatrices, l'échange d'information avec la machine devrait être extrêment important et rapide. Le fameux "presse bouton" dont nous rabat les oreilles, couplé avec les fameux "cadrans" sont appelés très sûrement à disparaître, car ils constituent un langage extrêment pauvre: un bit pour le bouton, une quinzaine au plus pour le cadran. Et leur inertie est substantielle.
Le langage parlé ou écrit se prête bien à des données de type complexe et varié, et son débit est très riche. ce qui le rend adéquat aux échanges de type intellectuel. Par contre, son intertie est notable et il est peu propre aux travaux du genre manuel.
Pour certains travaux, rien ne remplacera, tant pour commander que pour "sentir", la commande tenue à la main, qu'il s'agisse de la barre du voilier, du manche à balai ou du pinceau.
Bien entendu, la main exige des informations complémentaires par l'oeil, capteur extrêmement riche, mais à sens unique (si nous avons une bouche qui est bien l'émetteur correspondant au récepteur oreille, nous n'avons aucun émetteur qui atteigne la richesse de l'oeil à la réception, sinon peut-être le jeu des traits du visage, des attitudes.
On voit par ces quelques exemples le type de postes de travail qu'il y aura lieu d'établir. Pour les divers types de travaux, suivant l'importance des échanges homme-machine, machine-matière, homme-matière.
De même que la rétine n'est rien sans les centres nerveux qui font la synthèse des informations qu'elle recueille, de même le poste de travail devra comprendre "intelligemment" les ordres reçus. les programmes à réaliser à ce niveau seront sans nul doute fort complexes, et il serait long et tastidieux de les rétablir pour chaque poste de travail. Il faut donc trouver un programme général de coopération, susceptibles de s'adapter facilement.
Deux idées de base se présentent : ou considérer que la machine est le prolongement de l'opérateur (travaux à prédominance matérielle) ou la doter d'une autonomie, d'une richesse de réponse plus grande, elle agit comme un interlocuteur, comme un coopérateur (travaux à prédominance intellectuelle).

Machine "outil"

Sans exclure totalement toute réaction de sa part, ni surtout toute cohérence dans ses réponses, cette solution ne pose pas de problèmes psychologiques difficiles. Ce n'est qu'un perfectionnement des outils actuels (pas du tout des machines-outils au sens habituel). On conduirait la machine comme on conduit une voiture, par exemple. Par contre, le faible degré d'autonomie oblige pour chaque tâche à une mise au point précise des programmes.

Machine "interlocuteur"

Beaucoup plus souple, plus puissante, propre à des tâches complexes, demandant un minimum de programmation préalable (orale, je pense), la machine prise comme interlocuteur a un défaut : sa puissance même. Connectée au réseau général, avec ses ressources considérables d'information, sa rapidité déconcertante de réponse logique, elle risque de complexer l'opérateur. Difficulté soluble en définissant adéquatemnet son "temps de réflexe" et la structure de la réponse.
Outil, interlocuteur, ces deux aspects ne s'excluent nullement, et joueront simultanément mais dans des "proportions" variables suivant les tâches.

Le complexoscope.

Complexity amplifier. C'est une des définitions pratiques de l'ordinateur. Notre époque, après avoir inventé microscope, télescope... sent le besoin, en face d'un monde de plus en plus compliqué, d'un outil qui lui permette d'y faire face, qui ramène l'enchevêtrement des données multiples à des idées présentées simplement et clairement. Si la complexité est une grandeur qui peut se mesure, le complexoscope sera l'appareil qui la réduira à la portée de notre cerveau.
On peut se demander si cela est possible. Un ordinateur permet d'exécuter des opérations nombreuses très rapidement. Il ne simplifie pas ces opérations, qu'il faut lui programmeur.
Jusqu'à présent, les instruments que nous avons utlisés dans ce but sont d'un autre genre: ce sont les mots, ou dans certains cas les algorithmes. Et, précisément, la programmation a été notablemnet simplifiée quand, à l'aide des langages de programmation, l'ordinateur a pu "comprendre" les algorithmes. Mais cette simplification était encore toute pratique.
On disposera réellement d'un complexoscope quand l'ordinateur, pratiquant systématiquement l'analyse factorielle, pourra rechercher et définir lui-même des algorithmes adaptés à une tâche déterminée.

Initiatives de la machine

Mais pour jouer ce rôle efficacement, la machine devra disposer d'une large marge, non seulement d'autonomie mais d'initiative. Si elle crée un algorithme, c'est elle qui devra nous l'epxliquer quand elle l'aura "mis au point". De plus, disposant par ses mémoires de plus d'information que n'imorte qui, on sera poussé à lui laisser assez généralemnte des tâches comme "informations" au sens de la radiodiffusion. Dans le domaine de l'action, il ne sera pas rentable d'entraver trop souvent sa tâche par des contrôles humains sensiblement plus longs que les sines.
En bref, poussés à laisser souvent la bride sur le cou à un partenaire terriblement puissant, il deviendra aussi diffile de capituler (?)à que d'en garder le contrôle.
La structure décentralisée du réseau général facilitera le contrôle, mais il faudra élaborer des méthodes, des procéures, dont la nature paraît encore difficile à préciser.

Vers une nouvelle civilisation


Ce qui précède montre pourquoi des clichés comme la "civilisation des loisirs", "presse-bouton", peuvent paraître sinon tout à fait faux, du moins très largement insuffisants. L'automatisation de l'univers nous obligera à construire un monde intégralement neuf, sauf une constante fondamentale: nous-mêmes.
Et c'est cette constante que l'on risque d'oublier, si l'on n'y prend garde. Le développement de la machine y pousse: être automatique, c'est n'avoir pas besoin de l'homme pour opérer, et l'on a vu où sont les limties de l'automatique ! Et le technicien est complice. Notre époque a mis en avant l'acte gratuit, et le technicien, créateur comme son Créateur, veut faire la machine à son image. Il veut être père d'un enfant adulte. Il y a là une noblesse profonde. Mais avons nous le droit de nous oublier de cette façon ?
Notre créateur nous a faits pour l'aimer, et les machines que nous fabriquons doivent être à notre service, avant d'avoir un équivalent de l'amour. Nous n'avons pas le droit d'organiser un univers qui ne laisserait pas de place à l'homme, car il n'en laisserait pas à Dieu.

Une nouvelle économie


Ce qui est à peu près certain, c'est que nos besoins matériels élémentaires, alimentation, logement, vêtement, soins médicaux, seront satisfaits quasi-automatiquement. Il ne s'agit ici que d'un développement de notre régime actuel où la subsistance n'est plus réellement un problème. On peut penser que les pays sous-développés, après d'assez longues années difficiles, finiront par trouver, dans le cadre d'une solidarité mondiale, un régime sensiblement équivalent, bien que leur développement présent ne soit guère encourageant.
Cette sécurité et ce confort matériel généralisés ne seront acquis qu'au prix d'une vie de plus en plus artificielle. La croissance démographique rendra nécessaire la consommation d'aliments éloignés des produits naturels, l'habitat en groupes importants, etc. On trouvera, il le faut, des moyens de
compensation à cette dangereuse séparation du milieu naturel où nous somes nés.
Enfin, et c'est le point le plus fréquemment exprimé, la structure de l'emploi sera profondément modifiée. Les compétences techniques, paradoxalement, deviendront sensiblement moins importantes, la machine elle-même se prêtant par son "intelligence" à être utilisée par des non-spécialistes.
Mais sans doute se développeront toutes les activités à caractère social et humain. Jusqu'à présent, toutes les révolutions techniques, après une période d'adaptation, ont créé plus d'emplois qu'elles n'en ont fait disparaîtire. On peut espérer, mais c'est peut-être un pur acte d'espérance, qu'il en sera de même avec l'automation, malgré son caractère radical et universel.

Une nouvelle sociologie


L'évolution des structures de travail modifiera profondément la sociologie de l'univers. Au départ, ce sera sans doute les classes moyennes, du cadre moyen à l'ouvrier qualifié qui seront les plus visées, surtout dans les grosses entreprises. Il est aisé d'automatiser le travail d'un bon comptable ou d'un
tourneur. De plus, le caractère sensiblement répétitif de leur travail le rend vulnérable à l'automztion. Par contre, les professions libérales ou artisanales se défendront beaucoup plus longtemps.
Le type d'homme essentiel sera, je pense, l'entrepreneur, ou le promoteur. Entouré d'équipes peu nombreuses, ces chefs entreprendront les réalisations nouvelles. La nécessité d'entreprises énormes sera réduite par la disparition de l'usine classique, c'est la qualité humaine et sociale du promoteur ainsi
que les moyens mis à disposition (en vertu de principes à définir) qui détermineront la taille de son entreprise, pouvant aller du fabricant de planètes artificielles à un équivalent du classique artisan de village.
Il continuera sans doute d'exister un patronat et un salariat, distinction qui paraît inscrite dans notre nature même.
Bien entendu, il faudra définir des modes de rétribution adéquats, et l'exploitation de l'homme par l'homme restera toujours un danger. La machine, si elle est injustemnet utilisée, donnera aux puissants des moyens exorbitants de pression psychologique et matérielle sur les petits.
La structure politique sera modifiée par les possibilités de centralisation, de psychologie des masses, d'organisation, offerts par des machines fournissant quasi-instantanément des informations judicieusement traitées pour permettre ensuite de porter immédiatement les décisions prises à la connaissance de tous et d'en contrôler l'exécution. Le spectre de Big Brother reste un avertissement tragique que l'on ne peut se permettre d'oublier, mais qui n'a pas été sanctionné par les faits, malgré la réussite temporaire du nazime et les formes prises au départ par le communiseme.

Une nouvelle morale


Si la morale n'a pas à changer dans ses principes fondamentaux, si le progrès technique lui est indifférent à ce titre, il faut bien pourtant qu'elle suive le mouvemnet du cadre où nous vivons. Si l'homme ne change pas, il continuera de pouvoir faire le mal, c'est à dire de se détruire soi-même ou de faire tort à ses semblables. Certaines valeurs apparaîtront pendant que d'autres resteront en sommeil.
La primauté transcendante de la personne devra toujours être réaffirmée, malgré l'importance de la société. L'effort créateur étant mis en avant, avec des moyens puissants de mise en route, il faudra définir les conditions juridiques de son exercice et les finalitéq qu'il devra rechercher.
En bref, il nous faudra, au milieu d'un tourbillon qui a toutes les chances de s'accélérer, et dont on ne voit pas la limite, former des sages qui gardent la tête bien faite et qui témoignent sans cesse, en termes neufs sans doute, des valeurs spirituelles les plus profondes, que nous devons rechercher, où nous pouvons trouver notre véritable épanouissemnt, notre véritable bonheur.

Tout cela pourquoi ?

(L'ensemble de ce qui suit, jusqu'aux notes du 17/2, avait été rayé et le verso utilisé pour les pages précécendes dans ce texte ci).
Introduction: limitation volontaire au plan philosophique,
voir ailleurs étude théologique.
- nécessité du progrès:
  • physique: poussée démographique
  • morale: beoin pour l'homme de se dépasser et de se soumettre
la terre. La soumission à l'humanité de suffit pas
- danger de s'y arrêter, matérialisme
- un chant d'optimisme: unité des hommes, de grands développements
- mesuré
- conclusion
Et pourquoi faut-il que nous allions vers un tel but? Pourquoi courir après de telles chimères?

Parce que nous ne pouvons pas faire autrement. Il y a à l'heure actuelle une large moitié si non les deux tiers de l'humanité qui ne mange pas à sa faim. Il y a encore une foule d'hommes qui meurent faute de soins médicaux. Et tous les jours la population de notre planète augmente.
Peut-on améliorer le sort des hommes par une plus juste répartition des richesses et couper court à la surpopulation par la limitation des naissances ?
Limiter les naissances, à un plan global, c'est, pour l'humanité, accepter de se refermer sur elle-même. Faut-il souhaiter un monde de vieux garçons, de vieilles filles et de ménages sans enfants?
Mieux répartir les richesses, c'est retirer aux riches pour le donner aux pauvres. Cela ne résoudra pas les questions les plus matérielles, même si une autorité mondiale puissante le pouvait imposer, il est probable que les résultats finaux seraient pires que ce que nous connaissons à présent.
Je prendrai une image: les niveaux de vie se répartissent et continueront sans doute toujours plus ou moins (en donnant un sens large au niveau de vie) suivant une pyramide. Elever la base de la pyramide en en coupant la pointe est inefficace, car la pointe est plus fine, et qu'il faut perdre beaucoup en hauteur en haut pour en rajouter bien peu en bas.
"Vous devriez partager vos richesses", demandait-on au baron de Rotschild. "Fort bien, répondit-il, divisez ma fortune par le nombre nécesssaire. Il reste vingt sous. Les voici, Monsieur".
De plus, aplatir l'échelle peut couper court à des exagérations manifestes, et être souhaitable occasionnellement. Mais aller trop loin en ce domaine, c'est sûrement couper court aussi au progrès que l'on voudrait promouvoir.
Il faut agir de deux manières: rendre la répartition non pas égalitaire mais juste, et réellement équilibrée. Et élever l'ensemble, donc inévitablement le sommet comme la base.
Il y aura des puissants et des riches. Il y aura des nations en pointe et des nations en arrière. Tant pis. Ce n'est pas en s'appauvrissant que les pays industrialisés aideront les régions de voie de développement. Mais, et sans délaisser d'ailleurs une aide immédiate, les deux doivent aller de pair, en se développant.
Parler d'améliorer, c'est nécessairement se référer à une échelle de valeurs, et poser la question: qu'est-ce qui est bon pour l'homme? Si nous voulons construire un univers fonctionnel, sa structure de détail sera définie par les fonctions de détail qu'on lui demandera de remplir. Mais, au sommet, il faut bien se demander pourquoi nous vivons. L'homme a des besoins, certes, y compris le besoin de travailer. Mais il a plus: il a un but, celui d'être heureux, et qu'est-ce que le bonheur ?
Et, au simple plan humain, je ne trouve pas de réponse. Tout le confort du monde, le plus perfectionné soit-il, ne suffit pas à nous combler.
Pour être heureus, il faut aimer, oui. Il y a bien de l'amour à donner.
Les richesses matérielles, l'art, les relations humaines suffiront sans doute à combler, en apparence du moins, une large part de l'humanité. Mais il y aura toujours des esprits qui refuseront de se laiser endormir, et qui continueront à rechercher une beauté, un bien plus absolu.
Si l'amélioration de l'humanité, de ses membres les plus déshérités, qu'il s'agisse des malades, des prolétaires ou des handicapés, des malheureux en tout grenre, a suffi jusqu'à présent à occuper les soins d'une large partie de ces âmes, quand l'univers sera plus riche, quand la pyramide aura monté, il restera toujours des pauvres, mais ce ne seront plus les mêmes. On peut penser, bien que ce ne soit pas certain, que plus personne ne sera sous-alimenté, que les maladies seront soignées dans une large mesure, que chacun pourra s'instruire, bref que le niveau de vie minimum sera fort élevé. Les besoins les plus pressants ne seront plujs matériels, mais moraux.
On a dit de certains pays très développés que les gens n'y vivaient pas heureux parce qu'ils avaient avaient bien des moyens de vivre, mais plus de raisons.
Eh oui, si l'on n'a plus à se préoccuper du pain quotidien, il faudra bien vivre pour quelque chose. Quant on en est à n'avoir besoin que d'un deuxième frigidaire, la motivation est insuffisante.
Je crois le problème insoluble humainement, et l'on n'a pas manqué de dire que l'homme n'est qu'une passion inutile, ce qui suffit à rendre le monde absurde.
La religion, je ne parle pas des actes religieux, mais de l'appel de Dieu sans limite, dans la profondeur de son appel, est... (suite perdue)

Remarques ultérieures

17/2/66

Après tout, est-il tellement immoral qu'une machine soit à la tête de l'univers, sous réserve q'uelle satisfasse les beoins élémentaires de tous, et laisse à chacun une marge de liberté suffisante...
D'autre part, seule la machine apparaîtra dans un certain temps comme le seul président valable, du moins le seul premier ministre valable pour un univers aussi vaste. Il y aura peut-être un jour un référendum constituant la machine comme maître général de l'univers. Avec un certain nombre d'inverventions de l'homme continautn,t par la suite, par un référendum permanent, basé à la fois sur des réponses à des questions explicites (réfrendum au sens propre) et implicites (choix de productino par le choix de la carrière, choix de consommation dans l'utilisation du potentiel économique individuel). Il faudrait aussi qu'il puisse y avoir un certain nombre de choix de programmation de la machine même, ce qui dans un sens nous met au rouet.

7/2/2021

En relisant ces lignes, je suis un peu sidéré : en quelque 60 ans, les techniques ont considérablement évolué, la problématique humaine reste sensiblement la même. Cela mériterait qu'on précise un peu la comparaison, ne serait-ce que pour relativiser la prospective d'aujourd'hui.

Ces lignes datent-elles vraiment de 1963 ? J'ai perdu le manuscrit, qui d'ailleurs n'était pas daté.

En fait, ces première anneés 1960 sont encore au début des "trente glorieuses", et la prospective va bon train, plutôt optimiste. Moi robot, d'Asimov, et 1984 d'Orwell datent des années 40. Un de mes cousins travaille à Grenoble sur la traduction automatique dans le laboratoire du professeur Vauquois à Grenoble. Et des auteurs de grande diffusion comme Albert Ducrocq ou Pierre de Latil donnent beaucoup de précisions et des exemples concrets.

Et, "vers le haut", Teilhard de Chardin séduit avec sa noosphère : "Malgré ses liaisons organiques, (...) la biosphère ne formait encore qu'un assemblage de lignes divergentes, libres aux extrémités. Sous l'effet de la Réflexion (...) les chaînes se ferment; et la Noosphère tend à se constituer en un seul système clos, −où chaque élément pour soi voit, sent, désire, souffre les mêmes choses que tous les autres à la fois. Une collectivité harmonisée des consciences, équivalente à une sorte de super-conscience (Teilhard de Chardin, Le phénomène humain, 1955).

Que j'aie les compétences nécessaires est attesté par mon article de 1964 "Réassurance prospective" et en 1966 "Vues prospectives sur l'informatique". En 1967, ces compétences m'ont permis de devenir journalisté spécialisé à 0.1. Informatique.

Je signerais encore une bonne partie de ces lignes aujourd'hui, à part notamment :
- le passage sur les inégalités, qui reprend la théorie du ruissellement ; il faut dire que les inégalités n'avaient pas atteint, à l'époque, les obscénités d'aujourdhui,
- les références à Dieu, puisque je suis athée depuis 1992.