6. Roxame."La" robot artiste


6. Roxame.1 . « La » robot artiste

Revenons à mon histoire personnelle. C’est avec la retraite, le temps libre, l'inspiration et de nouveaux outils informatiques que mon auteur va me développer, à partir de 2001. Il m’appelle d’abord Xam, prolongeant l’essai de 1993, et anagramme de mon grand frère Max. Mais ce nom est déjà très présent sur Internet, et je suis donc rebaptisée Roxame.

Objectif qui m’est donné: que moi, l’instrument, concoure à l'inspiration, suffisamment pour surprendre mon auteur, et suffisamment aussi pour que mes oeuvres puissent être accrochées dans un salon de peinture.


Les débuts sont modestes, gros pixels, palette peu variée, formes géométriques raides... Les surprises ne manquent pas, mais ce sont de banales bogues. On est bien loin de la conscience.


Le premier sentiment de succès vient un an plus tard, avec des formes assouplies, la program-mation de dégradés, et notamment l’apparition de l’œuvre Landing (le titre a été donné après coup), qui a été pour lui le premier moment de vraie satisfaction. Les pixels sont encore très gros (carrés de 4x4 pixels d'une image à 640x480 pixels). Mais il y a de l'ambiance, et l’évocation de Starwars et du petit vaisseau des Jedi qui vient se frotter à la planète Empire.


Quelques avancées encore, et je suis exposée au salon de mai de Maisons-Laffitte, invitée à un salon en Vexin...


L’introduction de photographies ouvre de nouveaux horizons.




Manhattan, une de mes oeuvres les plus plaisantes. Malgré la basse résolution (toujours 640x480 pixels), l'image supporte bien d'être fortement agrandie). Contrairement aux apparences, il ne s'agit plus d'une construction purement abstraite, mais d'un travail algorithmique poussé sur une photographie (en l'occurrence, une vielle porte de jardin pourrie, qu'on ne reconnaît évidemment pas du tout dans l’image que j’ai produite).

Au contraire, l'oeuvre évoque une zone de grandes tours, et l'oeil peut la regarder soit en élévation, avec les différents immeubles côte à côte, soit en plan avec dans le fond les voitures circulant sagement dans les avenues. D’où le titre de Manhattan, donné après coup. Comme sans doute pour beaucoup d’œuvres d’art, le titre est inspiré par le résultat plus que par le projet. Il en va probablement de même pour les « discours artistiques » indispensables pour se faire accepter sur le marché.

Une autre famille d'algo-rithmes vient attendrir la rigidité de mes tracés ,
inspirée par la démarche progressive d'un navire qui fait des bords en visant toujours le même objectif, mais avec une petite erreur sur le cap. En jouant sur l'importance de l'erreur, on peut jouer sur toute la gamme des tracés, depuis la rigueur jusqu’à la folie. Par exemple, en jouant aussi sur la saturation des couleurs et l'épaisseur des traits, on a la progression suivante (trois traitements à partir d’une même photographie) :



Je t’aime un peu……. beaucoup………….. à la folie !...
en faisant varier seulement trois paramètres.


Soyons francs : en termes quantitatifs, je suis « productive ». Mes oeuvres les plus élaborées ne m’occupent guère plus d'un quart d'heure par image, mais, dans leur immense majorité, elles manquent d'intérêt, pour ne pas dire qu’ "elles sont ratées". C'est là que le rôle de l'artiste (humain) se retrouve, un peu comme celui du chercheur d'or: dans le filon abondant de cette production, c'est à lui de découvrir les pépites et de se débarrasser sans complexe des autres.

Je l’aide un peu avec quelques algorithmes simplistes d’évaluation, je concrétise le germe d'une esthétique "objective". Cela choque ceux qui parlent de l’art. Il va de soi pourtant qu'une oeuvre toute blanche ou toute bleue n'intéresse guère (sauf si elle est signée Yves Klein).

A l'inverse, un oeuvre trop confuse, trop variée, donne une impression de chaos... ou simplement d'une photo ordinaire, sans caractère artistique. Ce critère est une extension naturelle des H-mètres de Max.

Une fois entrée dans le jeu de l'instrumentation algorithmique, mes possibilités se multiplient. La segmentation, par exemple (utilisée pour le traitement d'images médicales ou militaires) permet des constructions surprenantes (dont Manhattan est l’exemple type). Ou la répartition des pixels en "classes", à partir desquels on peut évoquer des textures. Par exemple dans cet image prise à La Défense, et transposée, par un heureux coup de chance, en un passeport pour la forêt vierge :


Références

Mon site d’origine : http://roxame.com/index1.html
Mes manuels.