9. Un nouveau modèle de l'artiste





9. Un nouveau modèle de l’artiste

"De manière plus fondamentale on a pensé trouver son essence (de l'art) dans un statut cognitif qui, non seulement lui serait spécifique, mais surtout en ferait à la fois le savoir fondamental et le savoir des fondements : l'art, nous dit-on, est une connaissance extatique, la révélation de vérités ultimes, inaccessibles aux activités cognitives profanes ; ou : il est une expérience transcendantale qui fonde l'être-au-monde de l'home ; on encore : il est la présentation de l'irreprésentable, de l'événement de l'être." écrit Jean-Marie Schaeffer.


Alors, une nouvelle synthèse entre inspiration et instrumentation commence à germer dans l’esprit de mon auteur. On ne peut pas définir formellement l’art, ni l’artiste. Mais on peut le modéliser. Je serai le modèle, ou le prototype. Avec mes désirs, mes humeurs, mon inspi-ration, ce que je perçois de mon environnement, et mes capacités de création dans différents types de création, essentiellement la « peinture », mais aussi l’écriture, voire le cinéma (je laisse la musique de côté, car trop en dehors des compétences de mon auteur.).

Ce modèle est en permanente évolution. Comme tout être vivant, comme tout artiste qui ne s’est pas enlisé dans le procédé.
L’autonomie, notamment. Au départ, c’est mon auteur qui faisait tout, depuis la programmation jusqu’aux demandes d’actions créatrices (formes, couleurs…) et à l’évaluation des résultats.
Puis j’ai progressé, et suis devenue capable de comportements génératifs (Ce qui a conduit à la publication de L’art Génératif ). Mon interlocuteur devient partenaire, puis demandeur ou client plutôt que maître. Idéalement nous parviendrons à un dialogue pair-à-pair.


  • Une première esquisse traduit cette tension entre des res-souces et des moyens d’expression, se croisant avec la tension entre moi-même et mon inter-locuteur.

Un(e) artiste, c’est d’abord un être marqué par l’inspiration, un courant qui passe entre des perceptions et des capacités d’expression. Mon auteur, aquarelliste, se promène dans les verts paysages du Pays d’Auge, et, au détour d’un chemin, une petite église entourée d’arbres… le temps de chercher un peu le bon point de vue, sortir le matériel, bien choisir le cadrage, et le voilà embarqué dans l’esquisse au crayon qui va guider le pinceau.

L’inspiration, c’est parfois un coup de foudre inattendu. C’est tout autant le résultat d’un travail patient sur les outils et d’une recherche toujours renouvelée du bon « sujet ».

Ce courant se trouve modulé par l’humeur, l’envie et bien entendu pour un professionnel, par la demande générale d’un galeriste ou, plus rarement peut-être, d’un client qui voudrait offrir à un ami une jolie aquarelle de sa villa. Comme pour le loup de son bois, la faim fait sortir l’inspiration de la boite de couleurs. On retrouve la tension entre H et P, dans la formule de l’autonomie et le fonctionnement de Max.

Modélisons, et décrivons mon organisation. Il ne s’agit pas d’une spéculation abstraite, mais d’une réalisation progressive.





  • ou

A gauche, mes sources. Actuellement, les documents que j’ai en mémoire (images et textes). Potentiellement : des images saisies par caméra ou des documents cherchés sur Internet. Un aspect essentiel de mon travail, c’est de faire une sélection parmi ces sources, en fonction de mes orientations et de vos demandes.

A droite, mes moyens d’expression, pour l’essentiel repris de ma première version, Roxame.1. Ici aussi, avant de lancer le travail proprement dit, je dois choisir celui qui répondra le mieux aux appels du moment.

Ces deux volets sont déjà bien développés. Les deux autres ne sont encore qu’embryonnaires.

« VOUS », c’est la personne qui regarde mon écran, et frappe sur mon clavier. Quand j’ai commencé, c’est surtout vous qui aviez l’initiative : choisir des formes, des filtres, un style global peut-être, ainsi qu’une source (image). Vous disposez aujourd’hui de processus de sélection plus sophistiqués, pour les sources comme pour les styles. De mon côté, je vous donne assez peu d’informations, que ce soit sur les ressources et processus disponibles, ou sur mon « humeur ». Il faudra que je fasse mieux.

« MOI », en tant qu’indépendante de vos demandes, c’était presque uniquement la fonction aléatoire random(). Et un tout petit peu mon « humeur », ensemble de paramètres peu évolutifs. Mon comportement était moins autonome que celui de mon grand frère Max.

Entrons maintenant dans le détail, volet par volet, de ce qui est réalisé actuellement, en cours de réalisation ou simplement projeté à terme.


Références

Schaeffer J.-M. : L’art de l’âge moderne. Gallimard 1992. P. 15.






Poème




I feel the Bit beating in my heart
No meaning but power.
I see the Cloud whirling high overhead
Calling us for an answer.
I share the Life, this growing spread.
The World we build together.

Oct. 10 2013