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Gouvernance de l’art

Art

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Tentons de développer, au risque de répéter des banalités.

A la base, l’art est créé par un artiste ou un groupe d’artistes :

- un artiste  seul : c’est sauf exception la règle en peinture, de la sculpture de l’écriture (poésie, littérature) et, au niveau de l’auteur, de l’architecture et des arts de performance (théâtre, danse, musique) dont l’exécution exigera un travail déquipe ;c ’est possible mais limité en cinéma et vidéo

- une équipe pour la réalisation : le peintre est peut-être le seul à vraiment pouvoir s’en passer, vu le faible coût des moyens nécessaires ; l’équipe en revanche est importante pour un grand film, une symphonie, une pièce de théâtre ou un opéra ; le musicien passe la main à un groupe d’instrumentistes et/ou de chanteurs, sous la direction d’un chef d’orchestre ; l’architecte passe ses plans à un constructeur, pour un chantier qui peut être considérable ; la gouvernance est en principe relativement simple … sauf si l’équipe contient elle-même des artistes avec leur « caractère » (la diva).

Mais la création artistique s’inscrit dans un « dispositif » (terme venant de Deleuze) qui donne sens au travail de l’artiste et lui donne les moyens de s’exprimer, à commencer par un minimum de revenus et culminant dans de grands projets (La Sixtine, la ville nouvelle du Havre par Perret, l’opéra de Bayreuth). A ce niveau, la gouvernance vient « du Prince », qu’il s’appelle Médicis, Staline ou l’État Français). A ces acteurs, il faut ajouter la culture ambiante, ou si l’on préfère, « le peuple » ou « l’élite ».a

Entre les deux, toutes sortes de niveaux intermédiaires : galeristes, musées, salles de spectacle et salles des ventes, mécènes… sans oublier les médias et aujourd’hui toujours plus dominantes, les « plates-formes ».

Sur les arts « coopératifs », voir l'item Coopération de Diccan.

Prenons quelques exemples.

En peinture, sculpture, les « beaux arts »

En peinture, l’art est essentiellement individuel. D’abord parce qu’il n’exige que peu de moyens matériels (a minima, un papier et un crayon, ou un peu de terre glaise ramassée sur un talus) et que nombre d’individus un peu doués dessinent ou peignent des choses intéressantes sans avoir suivi de formation. C’est aussi un art où l’on peut commencer tard dans la vie (34 ans pour Gauguin), à la différence de la musique ou de la danse, où musculatures et réflexes doivent s’apprendre dès l’enfance pour atteindre les hauts niveaux.

Le dispositif commence à se faire sentir dès que le peintre cherche à vendre. Difficile d’ailleurs en peinture tellement l’offre est pléthorique. On peut c
- commencer par les expositions locales soutenues par les mairies,
- essayer les réseaus sociaux,
- séduire un galeriste (
autrefois « marchand de tableaux ») ; les résultats dépendront de sa dimension et de son dynamisme commercial,
- séduire des collectionneurs prestigieux,
- entrer dans un ou plusieurs musées ; c’est une consécration, fortement prise en compte par les collectionneurs et les galeristes.

Aux sommets de la gouvernance, la politique culturelle des Etats, qui soutiennent les musées publics et les grandes structures de formation (ESBA, Ecole supérieure des Beaux-Arts de Paris, Ensad), et les grandes collectivités locales.

Références

- Galeristes, par Anne Martin-Faugier (Actes Sud 2010)
- Understanding International Arts Markets and Management, coordonné pa Ian Robertson (Routledge 2005)
- L’homme de l’art. D.-H. Kahnweiller (1884-1979), par Pierre Assouline (Balland 1988). Grosse étude (540 pages) .
- La vie d’artiste, par Maurice Rheims (Grasset 1970)
- Souvenirs d’un marchand de tableaux, par Ambroise Vollard (Albin Michel 1937)

En cinéma, vidéo, multimedia et transmedia,
- un acteur Nuno Bernardo (Beactive 2011).
- Le Net Art au
musée. Par Annie Laforet (Questions théoriques 2011)
- Mainstream. Enquête sur cette culture qui plaît à tout le monde. Par Frédéric Martel (Flammation 2010). Passionnant, mais discuté.
- Des pixels à Hollywood. Cinéma et jeu vidéo, une histoire économique et culturelle, par Denis Blanchet (Pix’ Love, 2010)
- Collectionner l’art vidéo et digital, par Carlos Cardenas, Vincent Justin et Marie Maertens (Espace digital 2015)
- The Producer’s to Transmedia, par économique et culturelle. Par Alexis Blanchet. (Pix’n Love, 2010)
- Transdisciplinary Digital Art (Springer 2008). Quelques chapitres concernent la gouvernance.


En musique

- le dispositif : La révolution digitale dans la musique. Une philosophie de la musique, par Harry Lehmann (Allia 2018). Il montre bien ce qu’est le dispositif et ses conséquences en musique.
- The producer as a composer. Shaping the Sounds of Popular Music, par Virgil Moorefield (MIT 2005)
- les « groupes »
- les studios. (voir par exemple Pionniers de la musique numérique, par Olivier Baudouin (Delatour 2012))
- business et finances, un chapitre dans How Music Works, par David Byrne (McSweeney’s 2012)
- Le chemin de musique, par Philippe Nemo (PUF 2010).

A noter qu’une formation musicale peut travailler sans chef d’orchestre, en tous cas sans la forte présence du chef avec sa baguette qui dirige du haut de son pupitre. C’est le cas des petites formtions (quatuors) et du jazz. Pour les formations plus grandes Jean-Claude Casadesus  y voit une fausse bonne idée.

Cependant l’orchestre Dissonances (75 musiciens) fonctionne « sans chef » depuis des années. Mais son fondateur et directeur artistique, le violoniste David Grimal, y joue tout de même un rôle clé : « Pendant les répétitions, il outrepasse son rôle de premier violon: il tape la mesure avec son pied, danse sur sa chaise pour entraîner avec lui les 74 autres musiciens venus d'Europe et de Russie, qui tous s'arrêtent net quand il lève la main. » Il est plus discret par la suite.



En architecture

- Les architectures postmodernes, par Diane Ghirardo (Thames and Hudson 1997). Montre le rôle d’acteurs comme Disney ou l’IBA de Berlin.
- L’avenir de l’architecture, par Frank Lloyd Wright (1953, Gonthier 1966 pour l’édition française)
-

Quelques autres titres :

- Hervé Fischer : L'art au service de la gouvernance ? 24/6/2020j
-
Mirabilia. Essai sur l’Inventaire général du patrimoine culturel, par Michel Melot (Gallimard 2012)
- Rethinking Curating. Art after New Media, par Beryl Graham et Sarah Cook (MIT Press 2010)

-
Participatory Art and Computers. Par Stephen Bell. 1991 https://nccastaff.bournemouth.ac.uk/sbell/thesis/ParticipatoryArtandComputers.pdf
- L’art de la liberté, Doctrines et débats de la Révolution Française, par Edouard Pommier (Gallimard 1991)

Et, pour ce qui concerne l’art numérique, dans toutes les disciplines, le site diccan.com.
- Rérérences jusqu'à 2005