Pollution par l'informatique, alerte !
France Stratégie, institution autonome placée auprès du Premier ministre, a publié le 22 octobre un rapport substantiel sur les consommations énergétiques liées à l'informatique.
La conclusion est formelle : le progrès technologique ne suffira pas à maîtriser les consommations.
Hélas le rapport ne dit pas, ce qu'il faudrait faire. Mais ce n'était pas sa mission.
Un mois après sa parution, ce rapport ne semble encore connu que de quelques initiés. Il remet pourtant sérieusement le discours ambiant sur la nécessité d'une "transformation numérique" aussi ample et rapide que possible.
Il est vrai que le gouvernement, et les entreprises, ont d'autres soucis en ce moment. Et que les solutions n'ont rien d'évident, à une époque où le confinement conduit vers des formes de travail fortement liées aux équipements et réseaux informatiques, sans parler des impératifs du "big data"!On peut tout de même trouver que le rapport instruit un peu trop uniquemnet "à charge".
Nous avions pressenti ces problèmes l'an dernier à l'occasion d'une communication à l'Institut Bull
Dans l'immédiat, vous pouvez essayer de tester vos installations avec le logiciel open source Codecarbon
Si vous avez d'autres idées, elles seront les bienvenues !
Le point de vue de Laurent Gouzenes
L'approche proposée par France Stratégie et le Shift Project sont peu holistiques, car ils ne calculent jamais les avantages du numérique et tous les avantages qui en découlent : le bilan carbone doit faire le point aussi sur les économies générées grâce au numérique pour être totalement complet et équilibré.
Or ces auteurs ne présentent jamais le moindre calcul dans ce sens, ce qui est une grave erreur de méthodologie.
Par exemple : - on voudrait savoir plus précisément combien un GPS économise de carburant pour chaque embouteillage d'une heure : d'un coté on a quelques wh vs des kg de CO2 sans numérique, - on voudrait aussi savoir comment l'optimisation des produits et de la logistique par ordinateur permet des économies majeures (des trajets complets non effectués grâce à l'optimisation numérique) - etc ).
Il y a plusieurs présentations plus que discutables, pour ne pas dire carrément tendancieuses, quand on compare - l'utilisation globale et l'utilisation marginale du numérique, et de faire passer l'un pour l'autre : si on n'utilise peu un PC ou un smartphone, l'empreinte numérique de la construction reste identique - quand on essaye de faire croire au français que l'utilisation du numérique en France génère du CO2 (autant que l'aviation civile - cf rapport p 30) alors que l'énergie électrique française est décarbonée à 90% (un peu moins maintenant que l'on a plus de centrales à charbon nécessaire pour le backup des éoliennes ... achetées à l'étranger ), - que le numérique, comme le transport, doit disposer d'une infrastructure pour fonctionner : on ne peut pas plus détruire les réseaux de communication numérique que les routes ou les ports.
Quant à enfin arriver des conclusions aussi subtiles que celles p 47 ("Par conséquent, pour optimiser la consommation énergétique d’un objet donné, le choix de la technologie devrait être fait en fonction de l’utilisation attendue d’un appareil connecté.") leurs auteurs semblent ignorer que c'est exactement le cahier des charges et l'objectif des ingénieurs de trouver des meilleures technologies ... depuis toujours !
Manifestement les auteurs n'ont aucune pratique de l'industrie, ni connaissance profonde du fonctionnement du numérique, regardent le susjet par le petit bout de la lorgnette, quand il ne s'agit pas de jeter des anathèmes collectifs pollution, aviation, numérique à la mode, qui rappellent le verbiage des meilleures heures du communisme des "intellectuels" des années 60-70.
A mon sens France Stratégie devrait se poser plusieurs bien meilleures questions sur le numérique : - comment combattre les Gafam pour récupérer deux points de PIB de croissance en France ? et en questions subsidiaires : - pourquoi l'Etat français est il dépendant d'entreprises américaines pour sa gestion ? - l'électronique et l'informatique sont notre premier poste de déficit commercial, équivalent à plusieurs centaines de milliers d'emplois. Peut on le réduire et comment ? - plus simple sans doute : la France pourrait elle fonctionner avec un million de fonctionnaires en moins ?
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