Gouvernance : tout est à repenser !

Quand ces pages ont débuté le mois dernier, nous cherchions un terme plus large que "civic tech" pour cadrer nos observations et réflexions. "Gouvernance", lancé il y a quelque 20 ans pour dépasser "management" ou "direction" semblait riche de sens.

Il s'agissait surtout, alors, d'encadrer les directions par des mécanismes de "contrôle", que ce soit
- dans une optique économique et capitaliste pour les entreprises privées (voir par exemple le bref livre de Frank Bancel La Gouvernance des Entreprises (Economica 1997)) ou, aux antipodes,
- dans une optique démocratique pour les pouvoirs publics (Démocratie et télésuveillance de Stéphane Callens (Septentrion 2002)).

Aujourd'hui le mot a pris un sens très large et va jusqu'à désigner simplement l'équipe dirigeante d'une organisation.

Or nous traversons une série de crises, aussi bien en France (Gilets Jaunes, Retraites, Coronavirus... ) que dans le monde (impérialisme chinois, isolationnisme américain, outrecuidance des Gafa, montée des inégalités et des terrorismes).

Elles remettent en cause l'efficacité des démocraties aussi bien que la validité de la séparation public/privé, puisque l'Etat se voit obligé d'intervenir massivement pour sauver les entreprises).

Les nouveaux outils technologiques (téléconférence, réseaux sociaux, IA) sont à la fois de merveilleux progrès, de nouveaux espaces de criminalité et des inquiétudes pour l'emploi (voir notre note sur le livre de Daniel Susskind).

Nombre de "méthodes" viennent au secours des équipes de gouvernance, avec l'aide de coachs ou consultants spécialisés pour obtenir efficacité, consensus et adhésion. Elles semblent souvent un peu trop doctrinaires et racoleuses. Quant à la "psychologie positive", très présente dans les magazines, elle vise plutôt le bonheur ou du moins la sérénité individuelle que la vie économique et sociale.

La science elle même, qui fondait la logique d'un management rationnel voir optimal, se voit remise en cause par le big data (voir le stimulant article sur l'IA de Jacques Printz dans Gouvernance News), sans parler du quantique ou du calcul biologique.

Nous n'avons donc pas d'autre choix que de réinventer la gouvernance à tous les niveaux. En attendant, s'il le faut, un nouveau terme mieux à la mesure des enjeux.

Notre site fera tout son (modeste) possible pour participer aux indispensables avancées.

Pierre Berger, 7 juin 2020.

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