Les « communs » un concept utile ?

Une série d’articles dans Le Monde (du 29 juillet au 3 août) a fait revivre ce terme, dans différentes domaines : semences paysannes, démocratie locales, vaccins et médicaments, numérique). Le concept est séduisant, généreux. On le trouve bien expliqué dans Assemblée les communs (le bon petit schéma que nous mettons en tête), et après sa triste carrière dans l’Angleterre présindustrielle, remis au goût du jour par Elinor Ostrom. On en trouvera une autre présentation sur Les communs.org .

Mais finalement, le concept reste flou, avec ses trois composantes : une ressource, une communauté, des règles de gouvernance. A fortiori, les outils et méthodes adéquates. Ses meilleures concrétisations ont été l’autogestion (qui, un temps, fit florès dans ce qui était la Yougoslavie), et surtout le mouvement coopératif, toujours très présent, actif, dans une très vaste gamme de domaines et de structures. Avec un un site très actif, avec notamment un panorama des entreprises françaises (édition 2020 en ligne).

Ici, les règles sont beaucoup plus précises. Le panorama ci-dessus présente sept principes fondamentaux, dont plusieurs concernent directement la gouvernance : adhésion volontaire, pouvoir démocratique exercé par les membres, autonomie et indépendance.

Pour autant, appartiennent au monde coopératif aussi bien les magasins E. Leclerc et le Crédit Agricole qu’Ethicable. On va du secteur bancaire aux coopératives de consommation en passant bien sûr par l’agriculture et le commerce de détail.

Peut-être ce besoin de précision est-il en accord avec le génie français, nos coopératives étant leaders au niveau mondial. Alors que les « communs » ont une origine anglo-saxonne marquée (Wikipedia).

Un des mérites des articles de Claire Legros dans Le Monde est cependant de donner de nombreux exemples concrets.

LACT Accelerator , pour les actions relatives au Covid-19. L’article du Monde montre les difficultés de gestion de ce projet, chaque pays le considérant de manière différente.

Drugs for Neglected Diseases. Là il s’agit d’une coopération entre plusieurs grandes organisations internationales. On peut penser que les statuts ne font pas problème.

Le Réseau Semences Paysannes montre à la fois l’intérêt du concept et les difficultés de sa mise en œuvre. Claire Legros montre bien qu’ici la communauté est fondamentale au projet : on ne peut culiver seul des des semences paysannes. La ressource est commune par nature. Quant aux règles de gouvernance, elles se sont construites au fil du temps. On voit mal ce réseau se suffire des statuts trop léges d’une simple association, ni entrer dans les principes constitutifs d’une coopérative.

Le Réseau français des Fablabs développe d’autres possiblités. C’est un regroupement de structures qui elles-mêmes sont des sortes de communs (communauté locale de fabrication artisanale ou expérimentale, fréquemment avec usage d’imprimantes 3D).

Le domaine numérique comporte toutes sortes de communs, notamment Internet et le logiciel libre (Linux emblématique) et Wikipedia, particulièrement réussi, avec des structure très égalitaires.

Enfin, la démocratie locale est un terreau naturel. Une « commune » d’ailleurs, c’est un commun ! Là, les règles de gouvernance sont tout à fait précisées par le droit constitutionnel.



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