Anne-Marie Boulan




D'une vielle famille valenciennoise.
Elle épouse René Lefebvrre et ils ont huit enfants.

J'aime beaucoup cette photo, qui témoigne de sa vitalité : pour ses 80 ans, son fils Jacques lui offre d'aller rendre visite à Luc Lefebvre, au monastère bénédiction de La Bouenza.
On la voit ici accueillie à la gare de Loudima, montée dans le 4x4 agricole du monastère.

LefebvreRene Son époux
Paul Boulan Son père
Juliette Billiet Sa mère
LefebvrePaule Leur fille Paule

Les souvenirs de Mère. Des mémoires écrites comme une série de petits articles, Beaucoup d'émotion servie par une qualité d'écriture "journalistique".
Lettres de sa mère à Anne-Marie pendant ses séjours à Wimereux 1893-1915
Mariage
Les familles Lefebvre, Boulan et Theillier réunies peu après la naissance de Michel.
Les huit enfants et leurs époux autour d'Anne-Marie, 1958.
Une dernière réunion des Lefebvre-Boulan, à Coye-la-Forêt, en 1996. La toute dernière nous réunira à Meaux pour les cent ans de Françoise.

Anne-Marie Boulan ou la famille imaginaire


Comme pour le musée imaginaire de Malraux, la photographie a joué un rôle majeur dans la construction du chef d'oeuvre Anne-Marie Boulan : sa famille, c'est à dire surtout ses enfants, puis ses petits-enfants. Bien qu'elle en parle souvent, la place relativement modeste de son époux se traduit sans sa présence bien limitée dans les albums photographiques.


Elle tient sa passion de sa mère, Juliette Boulan-Billiet, qui lui écrit quotidiennement en vacances :


1895 : "Charles a été fort content de sa journée d'hier à Bellignies. Il y a là de beaux points de vue. Il a pris deux photos qu'il est en train de développer avec Paul Theillier qui va avoir aussi un appareil et vient prendre une leçon".


20 août 1895. "J'ai un peu aidé Charles aujourd'hui à ses photographies. Celles de Bellignies étaient très fines, mais le virage et le séchage ont encore des accrocs. Puis nous avons étalé tout ce qui était fait du voyage de Lourdes et nous sommes restés stupéfaits de tout ce qui est encore incomplet. C'en était presque décourageant pour Charles et j'ai surveillé des papiers une partie de la journée mais c'est là la marche des choses. Le pire est ce virage etc."


26 août 95 "Mon oncle Edouard m'a apporté ce matin plusieurs photographies qu'il a prises à Wimereux et qui sont très bien réussies; je les voyais avec plaisir. Cette plage de Wimereux gardera toujours dans mes souvenirs un charme particulier : mais ce que j'ai surtout vu c'est toi et Charles - toi surtout parce que j'ai Charles maintenant ici. Toi, en barquette sur le Wimereux, assise dans le fond de la barque au gouvernail - toi debout donnant la main à Pauline et Charles assis entre vous - toi à côté de Charles contre le fort - c'est là surtout que j'ai aimé à te regarder - tu es là si sereine, (?) si contente, si animée que j'ai joui de ton plaisir. J'ai demande à Edouard de me prêter les clichés où vous êtes. J'en ferai des épreuves. "


14 Août 1896 "Oncle Ed a du vous arriver ce matin. Que dis-tu de mon adresse involontaire pour réussir sa photographie en juge. N'est-il pas très bien ?"


Lundi 24 août 96. "J'attendais Charles et mon papier à lettres. Tu sais s'il se fait jamais prier pour une course à l'imprimerie. Aujourd'hui il en rapporte, devine-quoi, une invitation à la mer de Georges. Tu penses s'il est content, ravi, enchanté etc, etc. "Charles a seulement développé hier ces photos - son développateur ne marchait pas - il a gâché quelques plaques, heureusement pas le portrait de ce brave baigneur."


Anne-Marie a très tôt un petit appareil. Elle prend des vues pendant le traditionnel voyage à Lourdes de sa Bonne-Maman. Elle se fait un petit album miniature, avec le portrait de ses 8 enfants. Elle recommencera plus tard avec ses quarante petits enfants. Ils étaient toujours à portée de sa main En particulier, je crois, dans sa prière, qui était très concrète,..


On voit, au fil des albums (dont j'ai le bonheur d'assurer la garde) progresser les moyens techniques de prise de vue et le mode de présentation des albums Les premiers sont assez petits, et les photos s'organisent en lignes et colonnes. Peu ou pas de légendes, ou alors elles seront rajoutées beaucoup plus tard (au style à bille...). Il faut dire qu'il n'est pas question d'agrandissements, et que ses appareils sont de petit format.

Il en va autrement par la suite. D'une part elle se lance, à l'époque ou Luc et Jacqueline sont adolescents, dans des photos travaillées, qu'elle veut pour autant "naturelles" (ce qui agace un peu Jacqueline, en tous cas rétrospectivement). Puis, ses enfants, et en particulier les deux Jacques (son fils et son gendre) lui envoient beaucoup de clichés. On voit apparaître de beaux noirs mats, des formats plus variés, voire des découpages en rond. Et Anne-Marie en tire parti pour des mises en pages plus sophistiquées, sur papier mat. Avec de petites légendes au crayon de couleur.


Elle se prête aussi de bonne grâce aux portraits, surtout en groupe. Elle garde un souvenir émerveillé d'une prise de vue dans un grand studio à la mode (Harcourt ? années 20, je pense). Le photographe la reçoit, la fait asseoir, engage une longue conversation, sourit.. au bout d'un moment, Anne-Marie s'impatiente et lui dit : "Mais il va tout de même falloir faire ces photos".. "Mais, madame, nous avons terminé, elles ont été faites pendant notre conversation". Magique !


Puis, à partir des années 50, arrive la couleur. Cela ne fait pas son affaire, car à l'époque les tirages sur papier sont chers. C'est la grande époque des diapositives, que l'on regarde le soir avec un projecteur. Pas du tout le type d'usage qui convient à Anne-Marie. En résumé, se plaint-elle "Plus les appareils se perfectionnent, moins j'ai de photos".


Les photos individuelles se conjuguent avec les grandes photos des réunions de famille. La plus ancienne est superbe, c'est la famille Boulan-Billiet, avec Anne-Marie en jeune maman. La dernière, la dernière marquante en tous cas, est une réunion à Clamart, pour un passage de Luc en France. Elle est assise au milieu, royale, entourée des six épouses. Derrière, debout, les six maris et Luc. Antoine n'était pas là ce jour là (vérifier).


Jusqu'à la fin de ses jours, elle gardera dans son sac à main deux petits albums miniature, l'un avec ses enfants, l'autre avec ses (trente-trois !) petits enfants. Et, dans ses longues heures de solitude, à la maison de retraite de Châtillon-sous-Bagneux, ce sont ces photos qui l'accompagneront dans ses méditations et ses prières devant le Saint Sacrement.