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Des associations de plus en plus floues

Nous avions déjà noté que la gouvernance des associations avait perdu de sa netteté du simple fait d’Internet et des mails. En particulier on ne sait souvent plus très bien qui est « membre ».

Avec les réseaux sociaux et les téléphones portables, le flou se généralise :

- sur les lieux de rencontre ; du fait qu’on peut s’appeler à tout moment et n’importe où, peu importe si l’on manque de précision dans le rendez-vous : on se retrouvera tout de même… quitte à s’apercevoir simplement que l’on n’est pas à la même sortie du même métro;

- sur les moments (dates et heures) ; la difficulté des communications conduisait autrefois à des agendas fixés, comme « tout les premiers lundis du mois » ; aujourd’hui, on peut ajuster rapidement avec doodle ;

- sur les retours d’information vers les membes : on tend à ne plus faire de compte-rendus formels ; ils sont plutôt longs et fastidieux à rédiger, a fortiori sur un téléphone ; donc tant pis pour les absents ; on ne sait même plus qui était présent, et qui souhaitait participer mais s’est excusé ;

- s’il y a compte-rendu, on se concentre sur un « googledoc » ou un « draft » (image inspirée des tableaux de post-it); et on se méfie des compte-rendus « verbatim » ; dans certains cas, le draft ou le googldoc sont parfaits ; dans d’autres il rend mal compte des débats voire des votes ; un simple relevé de décisions serait déjà plus approprié, et plus conforme à la législation, dans les cas de décisions importantes ;

- les mails eux-mêmes deviennent peu efficaces,car tout le monde en reçoit trop, et même s’ils sont envoyés aux seules personnes supposées intéressées, ils risquent de disparaître dans le « spam ».

Ce flou a beaucoup d’avantages, en nous débarrassant de formalismes pénibles tant pour les organisateurs que pour les simples membres. Mais il a des conséquences ambivalentes :

- la montée des « algorithmes » qui assurent une diffusion différenciée des messages ; le Google ranking a été le premier d’importance ; il était indispensable à partir du moment où les documents en ligne se comptaient par millions puis milliards ; mais évidemment ils ne sont pas neutres ; ils combinent les intérêts des lecteurs et ceux des annonceurs ; sans parler des intrusions hostiles ;

- la tendance, naturelle et renforcée par les algorithmes, à ne participer qu’aux groupes dont on partage les objectifs, les idées, la sensibilité ; avec notamment les effets bien connu de radicalisation d’une part, d’exclusion d’autre part ; et tout simplement le danger d’une robotisation des relations humaines ;

- la dilution des responsabilités, qui rend difficile un travail constructif et laisse place à des intrusions étrangères aux intentions (typiquement, les casseurs dans les manifestations).

Que faire ? Certainement en tous cas réfléchir à de nouvelles structures de gouvernance, alliant intelligemment souplesse et fermeté, horizontalité et verticalité.

Plus facile à dire qu’à faire (et simplement qu’à écrire) !

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