Ceci est une version archivée de BordsdeSeine à 2023-03-07 09:29:44

Les bords de Seine. Des Romains à 2022

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A gauche, une gravure de la brochure Pingret, coloriée par Dom Coutel. A droite, le même site photographié le 20/1/2022. (cliquez pour une vidéo panoramique)
Retour aux rues et lieux . Retour à l'accueil mansonnien Dernière mise à jour le 18.7/2022


Références documentaires . Images, photos, cartes postales

Pour la balade

Nous traitons ici de la zone en amont du pont routier, aujourd'hui laissée à l'abandon entre Seine et résidences à caractère social. Les vraies ballades commencent un peu plus haut, à partir du grand espace ludique dominé par le POPD (parc omnisports Pierre Dupres).
Voir aussi : la rue de la Digue et les îles.

Offrons plutôt une ballade historique en des lieux qui ont eu, jusqu'aux années 1950, un rôle économique et pratique essentiel.

D'abord un moyen de transport : le port

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Un port de plaisance et de marchandises.

La Seine, d'abord, c'est un moyen de se déplacer. Et si des Gallo-Romains s'installent là, c'est qu'ils y trouvent un optimum d'accès au fleuve et d'installation permanente. Plus en amont, la rive s’élève trop abrupte au dessus d’une petite bande et de quelques îles inondables. Plus en aval, c’est trop plat, trop marécageux, trop inondable aussi.



On ne s'installe pas vraiment au bord de l'eau, mais suffisamment à distance pour se mettre à l'abri des crues. Sur tous les plans anciens, le village est bien séparé de la zone d'activités. La séparation est déjà bien marquée sur le cadastre de 1820.

La berge n’est pas spécialement hospitalière, mais elle suffit pour les bateaux de l’époque. Il ne s'agit pas d'un vrai port, avec quais et grues. Mais une grève où viennent accoster des embarcatios en tous genre : port de plaisance, port de marchandises.

Et l'on n'oublie ni l'octroi, ni les péages, qui s'inscrivent tôt dans notre histoire d avec un long procès (1773-1782) par le sire de Soyécourt aux habitants. Qui ne lui en voudront pas trop, puisqu'une rue porte toujours son nom dans le vieux village.


Maisons, étape pour Paris-Rouen. Gravure de Pingret

Pendant un temps, ce sera même le lieu d'embarquement-débarquement pour des voyages Paris-Rouen qui combinent le train jusqu'à Maisons, où l'on embarque (Voir l'article de Jacques Barreau, Escale Paris-Rouen 1836 (Maisons-Laffitte Magazine)

Ce rôle de transport disparaît avec l’arrivée du chemin de fer au milieu du 19 siècle. Encore à la belle époque, on voit des charrois en bord de Seine, pour quelques marchandises. Mais c'est la plaisance qui va devenir dominante, avec le "port des yachts".

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Avec l'autre rive, ou les îles, C'est le bac. Assez important pour que la commune en règlemente le service et les tarifs. Il disparaîtra avec les ponts et, pour les îles, la construction de deux passerelles ou petits ponts (actuellement une pour les sports, un pour le camping)

La Seine, une menace : les crues




Les crues de la Seine et leurs effets à Maisons-sur-Seine par Jacques Marec. BAC 2015

La Seine, pour l'eau courante


Voir page sur le moulin

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Les puits ont été longtemps une source d'eau domestique importante. Tard encore, les archives signalent des examens de salubrité.

Mais ils ne suffisent pas, notamment pour le château. D'où la construction du moulin. La Seine fournit non seulement son eau mais l'énergie pour la propulser jusqu'au château et à ses alentours. Plus tard, la machine à vapeur relaiera les roues à aubes.
Et puis, comme l'eau de Seine devient trop sale, on recourt aux forages. D'abord à faible profondeur. Puis, plus loin, et c'est le puis artésien. A partir des années 1980, ils ne suffisent plus, et l'eau de Seine traitée prend le relais pour une partie de la ville.

La Seine, pour la lessive


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La Seine, c'est aussi l'eau pour la lessive. Pour boire, les puits pourraient faire l'affaire, mais le linge a besoin de plus grandes quantités d'eau.Cette activité durera jusqu'au 20e siècle. Au début, on se met à genoux au bord de l'eau. On se facilite un peu les choses avec quelques planches. Mais c'est encore bien pénible. A Ablon, par exemple (photo de droite), en octobre 1897, " Mr. le président ... demande l'autorisation d'installer un bateau-lavoir...
Le conseil considérant
Qu'un grand nombre de femmes sont dans l'habitude de laver leur linge dans la Saine ;
Que les changements fréquents de niveau des eaux... rendent leur installation incommode, voire dangereuse ; Que par les ardents soleils d'été, les pluies ou les grands froids d'hiver leur situation est des plus pénibles ; qu'il paraît donc d'une grande utilité de leur donner une installation plus confortable, suivant les augmentations et les diminutions des eaux, comportant un abri contre le soleil, le vent, la pluie et le froid
(Extrait de Ablon... une ville... un fleuve, par Christian Chaudré (Desbouis 1989)

Alors on installe un lavoir. Il n'est pas très beau, mais les lavandières mansonniennes ne s'en plaindront pas ! Et elles représentent environ 20% de la population, si l'on ajoute les femmes sans profession aux professionnelles (nos statistiques sommaires sur l'état-civil de 1903 à 1907).

On a du mal à imaginer, aujourd'hui, à notre époque de lave-linges, ce que représentaient ces lavoirs. Un lieu de convivialité certainement Mais aussi un lieu d'efforts physiques lourds, de commérages voire de violences. Daumier l'a peint. Zola l'a décrit, tiré au noir, dans L'Assommoir...

La Seine, pour l'élevage et la chasse

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A gauche, l'île de la Commune, à droite, la ferme de l'île Laborde

Les bords de Seine, inondables et sans doute peu fertiles, ne se prêtent pas à la culture, qui se développe essentiellement sur les coteaux au Sud-Ouest, comme en atteste le cadastre de 1820.

Pêche-t-on dans la Seine ? Rien ne le montre, à notre connaissance. Pas de cartes postales !

En revanche, les bords de Seine et les îles sont précieuses pour le pâturage, d'où l'importance du bac. L'actuelle rue de la Digue, et le chemin du même nom, s'appellent Chemin aux Vaches sur le plan de 1905. Il y a même un petit haras sur l'île Laborde.

On y chasse aussi, comme l'indiquent certaines archives municipales.

La Seine, pour la baignade


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A la Belle Epoque, s'installent des bains "Bains froids" par rapport aux établissements de bains chauffés, en ville. Il y aura même un temps, deux établissements de bains. Sur les cartes postales, on ne voit que des hommes, dans les maillots typiques de l'époque. Auront-ils un rand succès ? La bourgeoisie de l'époque commence à occuper Deauville et la Normandie, si ce n'est la Côte d'Azur.

"Le 18 septembre 1909 a lieu la fête nautique annuelle des bains Gagnon sur le petit bras de Seine. Parmi les attractions, le sut de la mort à bicyclette par le champion de France Charles Cochu, qui plonge d'une hauteur de 15 mètres, une pantomime nautique et une course au canards " (Jacques Barreau).

La baisse de qualité de l'eau, comme pour la boisson, fera disparaître les bains, aujourd'hui interdits depuis longtemps. Il en existe cependant encore un en 1937

Témoignage d'une mansonnienne en 2022 "Dans les années1952, 1953 je devais avoir 4 où 5 , je m ' y suis baignée , je garde le souvenir du petit bassin surtout des grosses boués en chambre à air qui occupaient toute la place . Sur photo tout le monde est tourné vers le petit bassinAprès avec la pollution les bains ont fermés.Dommage ! c était juste à côté de chez moi."

La Seine pour la construction navale


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Lire :
Les chantiers navals de Maisons-Laffitte dans la 1e moitié du XXe siècle : Pitre, de Coninck, Bugatti par Philippe Chartier BAC 2015,
Les chantiers navals Jouët et Cie sur le bassin de la Seine de Sartrouville-Maisons-Laffitte BAC 2016, par , Jean-Pierre Jouët et Daniel r.

En 1881, signale Gérard Finet, Henri Fournaise 25 ans a un atelier de fabriquant de bateaux, 1, rue de Paris.

Sartrouville avait aussi son chantier naval, Connesson. Lisez son histoire, par Françoise Denais, publiée par Les amis de l'histoire de Sartrouville et de ses environs

En 1905, le chantier naval Pitre est en pleine activité ! Voir un superbe ensemble de photos sur
le site des Petites Ecuries

Voir aussi : Le carré des canotiers

Le chantier nava De Coninckl existe encore en 1937, selon le guide de l'Office de tourisme.

La Seine, pour se restaurer


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Essai de reconstitution, en partant du pont à partir des documents dont nous disposons

- No 3. En 1936 ,Hôtel restaurant, Mme Vve Chanut ;Puis M. et Mme. Blot. Restaurant du Château (haut-lieu de 3e mi-temps des jeunes joueurs de rugby de Maisons. Puis Le Tassili. Vers 1965. Max, fils de ce restaurateur, a été joueur dans la première équipe de rugby à ML (1959). Au début des années 2000, il existait encore, mais désaffecté.

- No 5 . L'usine des eaux, désignée comme "pompe à feu" sur le plan de 1905

- No 7 Chantier naval De Coninck

- No 9.. Dans le tournant de la rue de Paris, un assez vaste espace nommé "Le petit Havre", allant jusqu'à la Seine. En 1937, le tenancer est M. Monneron. Il devait exister encore dans les années 1950, puisque nous connaissons une demoiselle née en 1931,qui y allait danser. N°9, Restaurant M. Manceron (Le Petit Havre). en 1936

Au bord de la Seine, en aval, il existait bien sûr nombre d'établissements à proximité du champ de courses, dont il reste le Pur Sang, au bas de l'avenue de la Pelouse.

Attention:Ne (interwiki inconnu) pas confondre,le bâtiment de l'Hotel-Restaurant BLOT(puis Le Tassili),avec celui du Petit-Havre...

Oui le Tassili d'après Catherine. Le restaurant était à droite au tournant en prenant le pont le Sartrouville. Si je me souviens, il avait des volets verts et les murs blancs.

Rue de Paris 1936 : N° 3 Hôtel restaurant, Mme Vve Chanut ; N° 5 Compagnie des Eaux ; N°7 Chantier et habitat De Koninck ; ... Cinq ans plus tôt, à ce même numéro figuraient, outre le restaurateur (M. Lejeune) M. Bultet, maître de bateau-lavoir et sa famille.



Pour habiter ? Non !

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A Maisons, on n'habite pas au bord de la Seine. Les rives sont inondables... et essentiellement occupées par des établissements publics. Il y a une exception, entre le pont de la 2eme DB et la zone d'activités pour les jeunes. Mais, même là, les habitations tournent le dos à la Seine plus qu'elles ne la regardent. Et l'espace intermédiaire est soit réservé aux jeux (parc urbain), soit laissé pratiquement à l'abandon (près du pont).

Les bords de Seine, pour le sport


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La photo de gauche n'est peut-être pas pris sur l'île

La noblesse vient se promener dans le parc du château... mais pas jusqu'au bord, l'accès étant fermé par un ha-ha toujours présent.

Jacques Laffitte est le premier à jouer cette carte, et à grande échelle. Une immense surface en aval du pont. Elle deviendra l'emblème même de la ville. L'hippodrome se développera progressivement jusqu'aux problèmes du 21e siècle, en cours de solution peut-être.

Mais peu à peu les bords de Seine et les îles vont deviennent presque exclusivement des zones de loisirs.Le golf s'ajoute à l'hippodrome. Dans les années 1950, l’espace occupé par le chantier naval est dégagé et remplacé par une résidence à caractère social. A cet endroit, l’accès au rivage devient plus incommode.

Et, progressivement, l'amont du pont lui-même perd son rôle économique même si les vaches continuent à passer le bac très tard (jusqu'aux années 1950 ?).

L'espace sera, à la fin des années 1980, dominé par le POPD (Parc omnisports Pierre Dupres) puis un aménagement de l’île, desservie par une passerelle, pour toutes sortes d’activités sportives et parfois sociales (forum des associations). S'y ajoute un vaste ensemble d'agrès pour les petits.

L’aménagement se poursuit jusque dans les années 2000, avec la « coulée verte » qui conduit jusqu’au limites du Mesnil. La Seine s'y combine avec les arbres pour lui donner une allure reposante, un peu sportive aussi. Mais plus question de se baigner !

Vers 2010, la partie du rivage entre la rue de Paris et les immeubles de l'entrée de seine voit son accès limité aux heures ouvrables, car des bandes d'adolescents (dit la rumeur publique) s'y occupaient bruyamment et dérangeait les habitants des immeubles (sans oublier, dit-on aussi, le trafic de drogues).


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L'île s'orne aussi d'oeuvres d'art : tombe de Brice, art brut avec des têtes en bois.


Quel avenir ?


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Le centre de recherche de Veolia. Et des terrains qui pourraient peut-être porter des projets

L'avenir de l'hippodrome est en pleine négociation.

Entre la rue de Paris et la rue du Bac, les aménagements semblent complets et ne pas devoir changer avant longtemps

Mais plus loin, jusqu'au camping et au limites de la commune, restent des espaces qui semblent sous-exploités, avec quelques exceptions comme l(important centre de recherche de la Compagnie des Eaux, aujourd’hui Veolia.

A long terme,qui sait,
- on trouvera le moyen de réouvrir la berge sur toute la longueur de la commune, la coulée verte s'étendant du parc jusqu'à Poissy ;
- on reprendra le projet de déviation de la RN 308 pour débarasser le centre ville de ses poids lourds ;
- l'eau de la Seine deviendra plus propre et l'on pourra s'y baigner ...

Notes de Gérard Finet



Les bords du fleuve et du petit bras ont toujours été inaccessibles aux promeneurs. Le fleuve était bordé par des entreprises (Lambert, Cie des Eaux, Usine bateaux......). Rue de la Digne c'était des jardins cloturés de barbelé, le garage de barques et la baignade(?) ; après la voie ferrée de nouveaux des jardins en bord de l'eau.
Le concours de pêche de l'Ablette maisonnaise avait lieu Quai de Seine à Sartrouville. Il n'y avait pas de place à Maisons. Les concurrents et la famille partaient groupés du 28 rue du Mesnil (chez Devillers) jusqu'au lieu de pêche. Interdiction de devancer la troupe pour éviter les tricheries. Je me souviens du dernier concours vers 1953.


Notes et documents

Sur ces thèmes, nous disposons d'une abondante iconographie et de beaucoup de . références


Beaucoup d'informations intéressants sur le document Il était une fois... un pont... deux ponts...et un fleuve.. de Françoise Denais (Sartrouville). 2002.


Photograhie en lumière rasante d'une carte IGN en relief de 1999







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