Photo illustrant un article du Journal du dimanche 22/9/2017, "Pourquoi le clivage droite-gauche n'est pas mort"

Droite-gauche : un clivage pertinent

On a pu avoir le sentiment, notamment aux débuts du macronisme, que l’opposition droite-gauche n’avait plus de sens. Dans son ouvrage « Le clivage droJite-gauche, toute une histoire » (Presses de Sciences-Po, 2020), Janine Mossuz-Lavau montre le contraire. C’était aussi notre sentiment depuis longtemps, même si ce schéma binaire est un peu caricatural, et que les deux sont proches au « centre » et se rejoignent souvant aux « extrêmes ».

Nous relevons six différences entre droite et gauche.

1. Passé/avenir

A droite, on rêve du bon vieux temps. « C’était mieux avant ». On est donc plutôt conservateur, et soumis au pouvoir en place. « Mieux vaut une injustice qu’un désordre » (Goethe). On y trouve donc plus naturellement ceux qui ont un patrimoine (donc plus à perdre qu'à gagner au changement) et les personnes âgées, qui n'ont plus beaucoup d’avenir.

A gauche, on croit aux lendemains qui chantent. On crie « dégagez » aux pouvoir en place. Avec moins d’illusions que les communistes d’avant 1940, qui rêvaient du « grand soir ».

2. Local / global.

La droite veut fermer, notamment les frontières, elle est réticente sur l'Europe et opposée à la mondialisation. Les plus cultivés citent la formule médiévale « Caritas ad proximos », version savante de l’évangile « Aime ton prochain comme toi-même ». Sauf bien sûr pour les grandes entreprises, mondialistes par nature.

La gauche veut ouvrir. On est « citoyen du monde ». Cependant le local a repris de l’importance avec les petites communautés et territoires (Colibris, ZAD…), combinant démocratie et écologie.

3. Privé / public

La droite, c’est le (néo-)libéralisme. Laissez faire, laissez passer. Pas de régulations, même antitrust. A droite, on met en avant le marché, les acteurs privés. C’est le « ruissellement », la dépense des riches, qui est utile aux moins favorisés. , e

A gauche, on met en avant l’Etat, le secteur public. Mais on a vu les limites de l’étatisme, et là aussi les « communs » intéressent. On remet en cause même la propriété.

4. Rétributif / distributif.

La droite prône la justice rétributive : à chacun selon ses oeuvres, méritocratie positive (revenus, responsabilités) et négative (répression). Mais elle va rarement jusqu’à remettre en cause l’héritage. Propriétaires, actionnaires, « patrons » et commerçants sont tout naturellement de droite (il y a des exceptions, bien sûr).

La gauche veut la justice distributive : à chacun selon ses besoins. Une forme limite : le revenu de base, assuré à tous indépendamment de son travail.

5. Indulgence fraude/sexe
La droite traditionnelle est indulgente pour la fraude (surtout fiscale), et défend « la morale » contre le plaisir. C’était vrai hier, beaucoup moins aujourd’hui, en tous cas pour la sexualité. Mais cela reste fréquent chez les primo-immigrés, attachés à leurs racines traditionnelles.

6. A gauche, on est fier de l'être. A droite, on refuse le terme, et on répète qu'il n'y a pas de différence.

C’est moins vrai aujourd’hui. Peut-être tout simplement parce que Macron a déçu.

Votre point de vue nous intéresse (pmberger at orange.fr) . Mais commencez peut-être par lire le livre de Janine Mossuz-Lavau !

Inès Bitam signale, sur le site de la fondations Jean Jaurès, un article fouillé d’Emeric Bréhier (29/9/2020).

Plus sur la démocratie
Le post suivant Le post précedent L'index général